bandesu_texte musicologie_840

23 mai 2016, par strapontin au Paradis ——

« Chant de guerre » : des musiques avec harmonium au temps de la Grande Guerre

Chant de guerre

Chant de guerre, Ensemble Double expression (direction, Emmanuel Pélaprat), œuvres de Schmitt, Jongen, Casella, Karg-Elert, Kunc. « les musiciens et la Grande Guerre » (xI), Hortus 2015 (HORTUS 711).

Date et lieu d'enregistrement non renseignés. Hortus, 2015 (HORTUS 711)

Le 11e volume de la série « Les musiciens et la Grande Guerre » nous propose cinq opus avec un harmonium. Cet instrument à la fois à vent et à clavier, fut inventé et breveté par le facteur de piano et d'orgue Alexandre-François Dubain (1809-1877) en 1842, et a une sonorité apparentée à celle d'un orgue portatif. Cette sonorité est ingénieusement mise en avant dans les deux recueils que l'on peut entendre dans cet enregistrement : les quatre improvisations de in memoriam, opus 63, du Belge Joseph Jongen (1919) et les huit pièces de caractères de Innere Stimmen (Voix intérieure), opus 58, de l'Allemand Siegfried Karg-Elert (1918), tous les deux pour harmonium seul. Les premières ont un caractère religieux (il s'agit des hymnes aux morts), et les secondes, plus « profanes » mais ayant toujours des traits de recueillement.

Les trois autres œuvres sont des transcriptions — comme il se pratiquait largement à l'époque — dont deux avec harpe, piano, et voix de soprano. Le Chant de la guerre, opus 63 de Florent Schmitt (1914) a un air patriotique, qui sonne aujourd'hui désespérément pathétique, malgré les subtilités harmoniques inhabituelles à ce genre de chant. Quant à la Pensée musicale d'Aymé Kunc (1916), elle est une sorte d'un petit poème symphonique, de veine romantique, qui aurait tout à fait pu être composé à la fin du xixe siècle, indépendamment de toute évocation de conflit, tandis qu'il s'agit d'un hommage aux musiciens tombés aux champs de bataille. Pagine di guerra, opus 25 de l'Italien Alfredo Casella (1915), transcrites ici pour piano et harmonium, sont inspirées de films d'actualités, comme l'indique le sous-titre : « 4 film musicali ».

Les instruments utilisés sont de l'époque de la Grande Guerre : une harpe Érard de 1912, un piano à queue Érard « grand modèle de concert » de 1899 et un harmonium Mustel de 1898.

L'interprétation, inspirée, en belle harmonie entre les instruments et voix, donne un aspect nostalgique par une prise de son que nous trouvons « artisanale », avec quelque chose qui rappelle le disque phonographique. Nous nous demandons cependant pourquoi il y a autant de différence de volume sonore entre les pièces à l'harmonium solo et les autres, surtout entre Schmitt et Jongen, ce qui nous oblige à régler le lecteur à chaque fois pour une écoute convenable.

Ensemble Double expression : Sandrine Chatron (harpe), Sonia Sempéré (soprano), Jérôme Granjon (piano), Emmanuel Pélaprat (harmonium et direction artistique).

1. Florent Schmitt, Chant de guerre, opus 63, 2-5. Joseph Jongen, In memoriam,opus 63, 6-9. Alfredo Casella, Pagine di guerra,opus 25, 10-17. Siegfried Karg-Elert, Innere Stimmen,opus 58, 18. Aymé Kync : Pensée musicale.

Stapontin au Paradis
23 mai 2016

rect acturect biorect texterect encyclo
logo gris

À propos - contact |  S'abonner au bulletinBiographies de musiciens Encyclopédie musicaleArticles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale| Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.

paypal

Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.

ISNN 2269-9910.

cul_1605

Samedi 22 Juin, 2024