Kaspar Förster (Gdansk 1616-1673), Les traversées baroques (direction, Étienne Meyer). Chemins du baroque 2016 (K 617).
Enregistré du 17 au 20 novembre 2014 à l'église Saint Martin de Hoff de Sarrebourg.
Après Marcin Mielczewski, puis Mikolaj Zielenski, Les traversées baroques poursuivent leurs recherches relatives au répertoire polonais baroque, et nous révèlent maintenant Kaspar Förster (Gdansk, 1616-1673).
Les Förster furent nombreux à l'époque baroque à illustrer la musique. Le père du nôtre se prénommait aussi Kaspar et officia à Gdansk comme musicien de la ville, puis comme cantor de 1607 à sa mort. Connu comme fervent défenseur de l'école vénitienne, son influence sur la carrière de son fils fut certainement importante. On hésite à écrire Gdansk1 — où il fut baptisé — tant la vie économique, sociale et culturelle était germanique, si peu polonaise, dans cette zone hanséatique, dominée par la Suède depuis 1629 (elle envahira la Pologne en 1655). La vie de Kaspar Förster est des plus animées, avec le tropisme italien (la Rome de Carissimi, Venise, évidemment) et les bouleversements incessants dus à la guerre de Trente Ans. Ainsi tour à tour à la cour de Varsovie, puis à celle, luthérienne, du Danemark, à Gdansk d'où il se rend à Venise, pour achever sa vie à Oliva. Mêlé aux controverses musicales qui avaient cours, il avait rencontré Schütz à Dresde en 1662.
Ce qui nous est parvenu de son œuvre — sans doute une faible part — ne se distingue pas fondamentalement de l'abondante production liturgique post-conciliaire à laquelle elle participe. Si la marque de l'Italie est évidente, Kaspar Förster parle cette langue musicale éminemment européenne où les singularités régionales étaient tues. Les pièces instrumentales portent davantage la marque de l'influence germanique, celle de Froberger, vraisemblablement. La virtuosité instrumentale est caractéristique des sonates en trio, avec une liberté expressive rare. Mais cette virtuosité est également présente dans l'écriture vocale, avec de larges ambiti et une agilité redoutables. Le programme savamment organisé, renouvelle l'intérêt en mêlant pièces vocales et instrumentales. Toutes témoignent d'un métier très sûr et d'une invention renouvelée. Les motets sont empreints de ferveur, mais aussi d'une forme de jubilation sensuelle à laquelle n'est pas étranger le quatuor vocal : idéal, équilibré, aux timbres particulièrement accordés, c'est un bonheur constant. L'ensemble instrumental, virtuose, rodé à ce répertoire exigeant, qu'il introduise et accompagne les pièces liturgiques ou nous offre des sonates en trio ou en duo, se distingue par ses couleurs et son articulation. Dirigé avec une maturité épanouie par Étienne Meyer, cet enregistrement s'écoute avec un réel plaisir et constitue une indéniable réussite.
Eusebius
27 mai 2016
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Dimanche 23 Juin, 2024