Éliane Reyes, Intégralité des valses de Chopin. Azur Classical (AZC 134).
Les Valses de Chopin, c'est la ruée vers l'or des pianistes. Sont-ils tous piqués par la même mouche ? La drosophile des conservatoires ? Serait-ce une maladie congénitale, virale, contagieuse, propre aux pianistes ? Il est vrai que la musique de Chopin a été instituée comme l'archétype du naturel pianistique romantique, c'est un passage obligé, puis une carte de visite quand on la maîtrise sur le bout des doigts. Jacques Brel, dans une de ses chansons, racontait que les Flamandes vont au bal pour montrer que tout va bien. Les pianistes jouent Chopin.
Mais Éliane Reyes n'a plus besoin de cela qui depuis longtemps à convaincu par son touché clair, régulier, assuré et bien articulé et la délicatesse de ses choix esthétiques. Il y a autre chose.
Haute comme trois pommes à genoux, dans une émission de télévision française très populaire, Éliane Reyes a joué une valse de Chopin si assurée et si brillamment qu'on lui en a demandé une seconde. Depuis elle a sans aucun doute vécu quotidiennement avec ce succès et avec Chopin, comme un rêve à maintenir, un cap. Les Valses de Chopin d'Éliane Reyes ne sont donc pas une carte de visite (un peu quand même), mais un adieu au passé. Estimant qu'elle avait vécu jeune assez longtemps, elle a décidé de quitter l'enfance, d'entrer en maturité. C'est une jolie tourne de page, ou comme elle le dit, l'entrée dans une autre ronde, une autre valse. On n'a pas bon à courir en regardant derrière soi. Une belle tranche de vie en dix-neuf valses.
Jean-Marc Warszawski
30 avril 2016
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