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Théâtre de Caen, 1er juin 2016, par Alain Lambert —

« En avant, marche ! » par les ballets C de la B, l'harmonie en fanfare !

En avant Marche !En avant Marche ! Photographie © D. R.

Du théâtre foutraque, de la danse décalée et le tout en fanfare sublimée. Il y a plusieurs approches pour le spectateur, dans cette pièce de Frank Van Laecke, avec Alain Platel à la chorégraphie et Stevens  Prengels pour la musique, compositions et arrangements (la plaquette ne donne aucune précision, car quand ce n'est pas un concert, on a rarement droit au détail du programme musical).

Commençons par la musique, le niveau supérieur du spectacle, avec une petite fanfare qui fait partie des comédiens, et une harmonie qui s'ajoute, ou l'intègre, et qui dans chaque ville est issue du terreau local, ici les élèves du conservatoire et leur chef d'orchestre Clément Carpentier.

Et que ce soit les musiques mélancoliques de la petite fanfare, qui peut aussi devenir un choeur vocal murmurant, ou que ce soit le grand orchestre de cuivres, c'est remarquable. Les textures, les strates superposées, les arrangements, tout y est réussi.

Dans la parfaite acoustique du théâtre, tous ces morceaux ont une ampleur incroyable, en particulier le grand ensemble, qui joue successivement Nimrod, l'une des Variations Enigma de Elgar, La marche des esclaves, de Verdi (dans une belle marche de la trentaine de participants chorégraphiée entre les chaises), la Fanfare de Lemmens ou en final somptueux,  « Jupiter », une des Planètes de Holst.

Entre ces morceaux ou pendant, quelques chorégraphies complètement décalées, celle des deux trombonistes, celle, délirante, sur le morceau un peu latino, ou celle de la petite fanfare dans une sorte de madison à grelots pendant la Fanfare de Lemmens, un joli moment d'ailleurs.

Quant au théâtre, dans une belle scénographie, parler de la mort prochaine du vieux tromboniste devenu joueur de cymbales, de son duo avec sa femme, la première qui essaie de boire ce qu'il éjecte comme une baleine, ou l'autre qui chante pour calmer son syndrome de Tourette quand il éructe son désespoir... Sans doute de la présence pour Wim Opbrouck et pour la femme qui s'arrache la langue.

Mais pourquoi, puisqu'il s'agit de l'univers de la fanfare, faire rimer forcément populaire et vulgaire ? À cause de la merditude des choses ? Un peu facile et gratuit...

Et que vient faire la voix off surtitrée qui est peut-être plus qu'un chef d'orchestre, désincarnée comme elle est ? Mais on n'en saura pas plus.

Prendre la fanfare comme un microcosme du monde humain est une belle idée, mais la réduire à deux acteurs, même polyglottes, ne suffit pas. Il aurait fallu la faire vivre, cette répétition, avec des vannes, bien sûr, de la tendresse, de l'amour, de la haine, des approches et des reproches, des réflexions sur la vie, et la mort prochaine du vieux compagnon qui fait irruption, pourquoi pas ?

Au final, un beau spectacle sur le plan de la musique, et comme il y en a beaucoup, c'est l'essentiel.

Les prochaines représentations seront, à Londres et à Berlin en juillet.

Alain Lambert
Caen, 1er juin 2016


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Vendredi 2 Août, 2024