Caen, 26 avril 2016, par Alain Lambert ——
Le groupe Canada Day. Photographie © DR.
Deuxième groupe new-yorkais à se produire dans le grand auditorium du Conservatoire de Caen cette année, après The Bad+, on sentait bien dans l'intervention de Thierry Lhiver, prof au département jazz, que la non-volonté de réponse des élus à leur lutte [voir le message d'Isabelle avec la pétition] pour le maintien d'une vraie saison au conservatoire, risquait d'entraîner la disparition de ces concerts de découverte de la nouvelle scène américaine. Car quand le maire, avec les élus de l'agglo, affirme que d'autres conservatoires à rayonnement régional ont un budget moindre, il passe sous silence qu'ils n'ont pas la responsabilité de proposer aux habitants une saison musicale diversifiée, avec des invités prestigieux, et un orchestre symphonique pour une douzaine de concerts. Le tout à un tarif permettant au plus grand nombre d'en profiter. Et le silence des politiques pèse lourd dans l'esprit des contribuables.
Il fallait donc en profiter. Nate Wooley à la trompette, Matt Bauder au saxophone ténor, Chris Dingman au vibraphone, Pascal Niggenkemper à la contrebasse, et Harris Eisenstadt, de Toronto, à la batterie, et aux compositions, forment un groupe à géométrie variable puisque le jeu à cinq alterne régulièrement avec celui à un ou deux ou trois ou quatre. Et au final, un rappel en vrai quintet.
Un travail avec des thèmes entrecoupés de séquences spécifiques : intro en solo intégral, impros collectives à deux ou plus, moments free ou swing, épurés ou dissonants, indolents ou impétueux... bref, tout un répertoire permettant de déconstruire puis reconstruire un morceau, qui, après une lente désagrégation, pouvait reprendre très classique, presque comme un hymne de fanfare, sans uniforme bien sûr.
Difficile de retenir les titres en anglais, humoristiques ou en rapport avec le football local. Le second, Sweet Potatoes, donnait à entendre, après une intro de batterie à mains nues, puis à une baguette, puis deux, une suite de solos entrecroisés en quinconce des deux soufflants virevoltants sur le mode du blues. Soufflants capables, surtout la trompette, des expériences bruitistes et pétaradantes les plus poussées.
Le vibraphoniste, un peu sous amplifié au début, nous a offert un étonnant solo mi-planant, mi-gamelan, avant que le quintette ne se lance collectivement dans une série de variations sur le thème.
Le contrebassiste pouvant être très rythmique, pulsant comme un balafon africain, puis partir dans un solo déstructuré et volontairement balourd.
Quant au batteur, il observe ses compagnons jouer avec la matière sonore de ses compositions en les bariolant, ou en ralentissant ostensiblement le tempo, avant de le reprendre en main.
Un concert plaisant, un peu étrange parfois par sa grande ouverture musicale, avec un humour aussi décalé que la musique proposée.
Ils seront à Charleroi le 29 avril au Palais des Beaux Arts.
Retour de l'Orchestre de Caen dirigé encore pour un an par Vahan Mardirossian le mardi 10 mai, (L'amour sorcier de Manuel de Falla, avec Zandra McCaster, et la symphonie no 3 de Mendelssohn)
Alain Lambert
26 avril 2016
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Mercredi 9 Décembre, 2020