Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : La musique instrumentale entre le temps de Bach et celui de Mozart : France.
Il semble qu'il n'ait guère écrit (ou laissé publier) d'œuvres pour l'orgue, de sorte que le catalogue instrumental dont nous disposons se limite à peu de chose : d'une part des œuvres de chambre (sonates en trio, sonates pour clavecin avec accompagnement de violon), pièces agréables et faciles que la postérité s'est empressée d'oublier ; et de l'autre un nombre limité de pièces de clavecin qui, avec celles de Duphly et de Balbastre, forment l'ultime feu d'artifice des clavecinistes français.
On y trouve quelques œuvres pour deux clavecins (Symphonies pour deux clavecins, Les Quatre Nations, Quatuors à deux clavecins) qui, dans une large mesure, se coulent dans un moule délibérément italianisant. Elles recèlent bien quelques belles pages, comme « La Françoise » (des Quatre Nations), mais ne donnent que rarement l'impression d'un art véritablement personnel.
Armand Louis Couperin, La Françoise, par William Christie.Aussi c'est surtout vers les vingt-deux pièces pour clavecin seul du Livre de pièces pour clavecin, publié en 1751 que se porte l'attention. On y voit le musicien, à l'instar de Duphly, osciller entre les styles baroque et préclassique, et conjuguer avec bonheur diverses influences, parmi lesquelles celle de Rameau, perceptible notamment dans les pièces où il cultive l'art de la caricature ou l'ambiguïté harmonique. « A lire les titres des pièces, il serait facile de croire à un développement tardif de la tradition familiale. Comme chez François sont réunies des pièces abstraites (gavotte, menuet), des portraits (La Chéron, La Blanchet) et des titres descriptifs (Les Tendres Sentiments, L'Enjouée). La similitude ne dépasse pourtant guère cette terminologie de façade. À l'écoute se révèlent des accents parfois proches du contemporain Jacques Duphly, qui trahissent une modification dans l'expression. Armand-Louis Couperin semble avoir tiré à leurs plus extrêmes conséquences les dimensions contenues dans la musique de son ancêtre : les pièces pittoresques deviennent d'amusants divertissements, sans l'amertume sous-jacente qui les caractérisait jadis (La Cacqueteuse). Les portraits évoluent au contraire vers une complexité nouvelle (La De Croissy) ou vers la cantilène sentimentale (La Chéron), avec de surprenants détours vers la rare tonalité de si♭mineur (L'Affligée). »1
Armand Louis Couperin, La Cacqueteuse, par Jennifer Paul.Biographie d'Armand Louis Couperin
1. Desmet Marc, dans « Le Monde de la musique » (244), juin 2000.
Jacques Duphly (1715-1789) ♦ Michel Blavet (1700-1768) ♦ Michel Corrette (1707-1795) ♦ Claude-Bénigne Balbastre (1727-1799) ♦ Pancrace Royer (v.1705-1755) ♦ Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) ♦ Jean Barrière (1707-1747) ♦ Louis-Gabriel Guillemain (1705-1770) ♦ Nicolas Chedeville (1705-1782) ♦ François-André Danican, dit Philidor (1726-1795 ♦ Joseph-Marie Amiot (1718-1793.
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