Antonio Vivaldi, Concerti pour deux clavecins, Gwennaëlle Alibert et Clément Geoffroy. Encelade 2017 (ECL 1602).
Gwennaëlle Alibert est pianiste et claveciniste. Formée à la Schola cantorum de Bâle, elle forme Philomèle, un ensemble de musique ancienne, se produit en France et en Suisse, et enseigne au Conservatoire de Vaux-en-Velin.
Clément Geoffroy a suivi ses études de clavecin au Conservatoire de Nantes et au National supérieur de Paris. Continuiste demandé, il participe à de nombreux ensembles de musique ancienne, étant même cofondateur de l'Escadron volant de la reine, qui a récemment et positivement défrayé les chroniques musicales.
Ensemble, ils proposent des concerti d'Antonio Vivaldi, mis à deux clavecins. Notre époque suspectant quelque peu l'engagement personnel, ils justifient leur démarche par des considérations sur quelques témoins du passé, quant au concert à deux clavecins, et aux transcriptions, pour avancer qu'ils continuent une longue tradition. Or deux ou trois témoins ne font pas une tradition, dans ce cas bien fantomatique. S'il y a une tradition, elle serait plutôt celle des compositeurs interprètes et arrangeurs.
On ne peut pas justifier ses actes par le passé, un artiste n'a pas besoin de justifier ses œuvres. Ces agaceries historicistes qu'affectionnent les baroqueux ne sont pas utiles. Il y a l'histoire qu'on ne peut reproduire, et ce qu'elle peut nous inspirer. L'interprétation musicale historiquement informée est une pure vue de l‘esprit.
Gwennaëlle Alibert et Clément Geoffroy nous proposent en fait un bel exercice de style, d'écriture pour clavecin, de création… contemporaine. Comme ils l'expliquent dans le livret, il leur a fallu réécrire et développer la basse, revoir les tessitures, orner pour compenser l'impossibilité à tenir les notes au clavecin, et ce qu'ils n'abordent pas, affronter la perte de la variété par les timbres instrumentaux, puisque parmi les pièces arrangées, apparaissent bien entendu les cordes, mais aussi flûte, hautbois, basson, orgue.
Quand Manuel de Falla compose en 1924 Psyché, imaginant un concert dans le boudoir de la reine à l'Alhambra de Grenade en 1730, il précise que ce n'est peut-être pas de la musique du xviiie siècle, mais que c'est au moins celle qu'il a imaginée.
De ce point de vue, l'imagination nous offre ici un concert original et fort bien mené, parfois saisissant.
Concerto RV 517, début du premier mouvement (plage 1)1-3. Concerto pour 2 violons cordes et basse continue RV 517 ; 4-7. Sonate en trio RV 67 ; 8-10. Concerti pour flûte, hautbois, basson, et basse continue RV99 et Rv 100 ; 11-13. Concerto pour flûte, hautbois, violon, basson et basse continue ; 14-16. Concerto pour violon, orgue et cordes RV 766 ; 17- Concerto pour violon et cordes RV 808 ; 18-20. Concerto pour flpute, violone, basson et basse continue R 96 ; 21-24. Sonate en trio pour corde RV 62 ; 25-27. Concerto pour cordes RV 134 ;
Jean-Marc Warszawski
21 septembre 2017
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