My Rock. Photographie © Philippe Delahaye.
Imaginé et écrit par petites touches pour les cinquante ans du rock en 2004, jouées ici et là dans la région grenobloise pour toucher un autre public. Puis repris en vrai spectacle à l'automne 2015, et à Paris juste après les attentats de novembre 2015, le spectacle My Rock est à la fois une histoire intime du chorégraphe et une histoire collective des danseurs et des spectateurs, à laquelle continuent de participer les vivants et les morts de cette irruption toujours imprévisible dans la musique populaire des années cinquante et soixante.
Quant à dire que les rencontres entre danse contemporaine et rock ont été rares, sans doute, mais Béjart l'a réussi plusieurs fois, de la Messe pour le temps présent au Ballet for life. Sans oublier ici à Caen la compagnie Quentin Rouillier — influencé par Merce Cunningham, grand amateur de silence à la John Cage — dans les années 80 qui travaillait avec Robert Wood ou Patrick Abrial.
C'est d'ailleurs la seconde séquence, après Elvis en collectif, celle consacrée aux Beatles, sans le son pour absence de droits, qui nous permet de comprendre comment Gallotta s'approprie ces musiques qui ont leur propre code dansé (rock, twist, jerk, pogo...) pour, dans le presque silence d'un pas de deux, les déconstruire et les reconstruire dans son vocabulaire gestuel bien à lui.
Cette histoire d'un adolescent qui se construit pour pouvoir vivre, grâce au rock, sa voix off la raconte entre chaque morceau. Il vient même nous dire, en direct et en esquissant quelques pas, celle de son ami rockeur plein de promesses et vite disparu, comme tant d'autres. Avant de lancer les Who, I'm a man, puis le Velvet, Sunday morning, dont le chanteur, Lou Reed, avait subi à la demande de ses parents, des thérapies par électrochoc pour soigner son homosexualité. Grâce à eux, notre monde s'est reconstruit... Les Stones, Dylan, Nick Drake, les Stooges, les Clash, puis Cohen le revenant, ou Nirvana. Entre folk acoustique et punk énergique pour des battles, duo, trio ou solo, sur fond de vieilles photos et d'anciennes pochettes.
Enfin, Patty Smith, et Wilson Picket, dans un double final plus collectif, très réussi, et le public invité quelques minutes à danser avec eux pour clore ce jeu de mémoire qui a défilé bien vite, dans une longue vibration sans une minute d'ennui.
À voir encore à Caen ce vendredi au théâtre, à Saint-Lô samedi, puis Meudon, Bezons, Compiègne, Bastia, Sainte-Maxime, Angoulême en janvier février, Voiron, Cahors, Blagnac, Villlejuif, Ollioules, d'avril à juin.
Alain Lambert
18 janvier 2017
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