Claude Arrieu, André Jolivet, Marcel Bitsch, Jean-Michel Damase, Hommage au Quintette à vent français, Quintette Aquilon (Marion Ralincourt, Claire Sirjacobs, Stéphanie Corre, Marianne Tilquin, Gaëlle Habert), Horizons 2017 (070 168).
Enregistré au Conservatoire de Clamard les 27-29 avril 2016.
Dès les premiers octets de ce cédé, les oreilles sont attirées par la qualité sonore, homogène, naturelle, épanouie, équilibrée entre les divers timbres. Dans les kilo-octets suivants on apprécie le jeu qui va avec, une rareté.
Ce quintette à vent ou quintuor en vieux langage, qui est formé par cinq dames, par ailleurs peu soucieuses de parité, flûte, hautbois, clarinette, cor, basson, rend hommage ici au quasi mythique Quintette à vent Français, qui rassemblait après-guerre des solistes de renom, dont Jean-Pierre Rampal ou Pierre Pierlot. Mais il s’agit en fait d’un « Nouveau quintette à vent français » qui rend hommage au genre en particulier, à musique en général.
Marion Ralincourt, Claire Sirjacobs, Stéphanie Corre, Marianne Tilquin, Gaëlle Habert, soufflent ensemble le vent d’aquilon depuis le début des années 2000 avec un succès particulièrement marqué en Allemagne, sans pour autant éventer leurs carrières individuelles ou expériences parallèles.
Elles interprètent ici un répertoire dédié autour des années 1950 au Quintette à vent français, répertoire qu’on peut dire français, opposé à la profondeur présumée du sentimentalisme dramatisé et ostensible, caractérisant avant tout et à tort la musique germanique. En fait musique urbaine (alors que les musiques dites nationales puisent plutôt dans la pastorale), musique parisienne, active, trépidante, avec son intense circulation, le pas rapide des passants, le brouhaha de ses cafés, le tumulte du métro aux heures de pointe, les rythmes mécaniques, musique parfois si réaliste qu’on se fait presque un cinéma muet. Stravinsky ou Debussy rodent en fantômes, ici et là quelques accents cow-boys, quelques mélismes blues, on n’est pas sans influences, et bien entendu, des épisodes sentimentaux, où il n’est pas utile de larmoyer un rouleau entier de papier essuie-tout pour toucher. Pudeur et élégance.
On s’étonnera qu’une compositrice comme Claude Arrieu ait disparu du paysage sonore, on ne s’étonnera pas de la belle maîtrise des notes et des sons d’André Jolivet qui nous y a habitués, on s’étonnera de l’humour presque lourdingue de Marcel Bitsch, de découvrir un compositeur et un rigolard après avoir planché sur ses très sérieux cours d’harmonie tonale et avoir laborieusement compté les intervalles musicaux sur les doigts, enfin, Jean-Michel Damase, qui nous a quittés depuis peu, rappelle que la musique contemporaine n’est pas nécessairement annonciatrice de futurs, elle peut aussi, avec bonheur, entretenir des liens d’amitié avec le passé.
1-5. Claude Arrieu, Quintette en ut (1952), 6-9. André Jolivet, Sérénade avec hautbois principal (1945), 10-12. Marcel Bitsch, Sonatine (1955), 13. Jean-Michel Damase, Dix-sept variations opus 22 (1963).
Jean-Marc Warszawski
12 février 2018
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Lundi 21 Octobre, 2024