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Caen, 18 novembre 2018 —— Alain Lambert.

Cirkus Cirkör Epifonima  toujours nouveau et toujours musical

Cirkus CirkörCirkus Cirkör à Caen, Epifonima. Photograhie © Maryam Barari.

Comme tous les ans ou presque, pendant les Boréales, le festival des cultures nordiques de Caen, revient le Cirkus Cirkör suédois, avec une nouvelle thématique. Après la paix ou les migrants, les revoilà dans Epifonima, « exclamation » en grec, du cirque totalement féminin.

Un grand cri pour chahuter « la hiérarchie masculine, le carcan machiste qui se posent en modèles dominants... » en explorant l'égalité des regards et le côte à côte plutôt que la file indienne, la « fraternité » revue sur le principe du solidaire. En s'inspirant des femmes aux parcours singuliers, Ishtar, déesse de l'amour et de la guerre, Hildegarde de Bingen, mystique, compositrice et femme de lettre, Tarana Burke, militante à l'origine de #metoo...

Mais c'est surtout un spectacle total et poétique, entre danse et cirque, où les acrobates savent aussi chanter ou rapper. Les numéros, par le biais de saynètes, s’enchaînent sans rupture, et surtout s'épanouissent dans la durée, en prenant le temps d'explorer les différents éléments, et à plusieurs, sinon ensemble, le grand cerceau, le mât chinois, les tissus aériens, le trapèze volant à trois, sans besoin de trapèze,  les équilibres sur les mains, l'antipodisme, le contorsionnisme. Sans oublier les clowneries médiévales. Le tout dans une sculpture aérienne verticale, qui, si elle symbolise les « structures de l'oppression », une fois mise à terre au final, devra être remontée, nettoyée et neutralisée, pour pouvoir continuer.

La musique portant cette nouvelle création est de Rebekka Karijord, envoûtante et multiple entre ambiances vocales et chansons poignantes. Les sept artistes la connaissent sur le bout des doigts, sachant quel rythme ou quel silence il faut suivre, s'y mêlant parfois en choeur, l'une ou l'autre y glissant quelquefois sa voix.

Et les spectateurs du théâtre ont de la chance, puisque la veille, la musicienne norvégienne était en personne sur la scène des foyers, au piano, avec une boîte à sons et à rythmes très sobre, nous offrant les superbes chansons pop-folk de son dernier album, Mother Tongue, et deux ou trois d'Epifonima, avec sa voix profonde parfois multipliée par le rerecording. Un joli moment et une belle introduction.

Epifonima sera l'an prochain à Fréjus, puis à Martigues en février 2019, avant de repartir en Norvège.

À découvrir à La Maison de l'Étudiant, mercredi 21, la nouvelle scène suédoise, 1921 et Lonely Dear.

Et dans les foyers du théâtre, toujours les Boréales avec samedi 24 le trio jazz du batteur danois Carsten Lindholm.

plume 14 Alain Lambert
18 novembre 2018


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