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12 octobre 2018 —— Alain Lambert.

Théâtre équestre Zingaro Bartabas : Ex Anima  Soufflant, et totalement musical

On avait beaucoup apprécié Calacas il y a quatre ans [voir notre chronique] et, malgré l'inconfort du chapiteau et la symphonie des tousseurs, on s'est laissé prendre au spectacle d'Ex Anima, plus intimiste que le précédent, où les chevaux semblent à peine dirigés par les « cavaliers » comme dit le programme, plus bruiteurs que dresseurs. Car ici le « dressage » tient de l'éducation ou de l'adaptation à un environnement musical et rythmique et non au domptage, théâtre équestre oblige.

En, fait, on a vu un seul cavalier entraîner sa troupe lors d'un numéro, mais pour le reste, les chevaux n'en font qu'à leurs oreilles, même la licorne qui n'en a qu'une et va quémander sa friandise en claquant des sabots aux « corbeaux » qui l'agacent. Tout est dans leur rapport aux instruments soufflés (flûte indienne, japonaise ou irlandaise) appeaux, sifflets, guimbardes, orgue à bouche... et aux percussions et autres cloches auxquels ont leur a appris, longuement, à réagir et à chorégraphier leurs déplacements sans intervention (trop) directe.

Une fois la nuit originelle dissipée, les quatre musiciens deviennent l'autre centre du spectacle, François Marillier, Véronique Piron, Jean Luc Thomas, Wang Li, compositeurs aussi, accompagnés souvent par les cavaliers marcheurs aux sifflets et tambours de riz.

À l'apparition de chaque paysage sonore envoûtant, un tableau de chevaux se met en place qui rappelle la vie sauvage mais aussi celle domestiquée comme le massacre des Indiens et de leurs montures dévorés par les loups, les chevaux descendus dans les mines ou transportant d'énormes poutres (qu'un autre, funambule fragile, va parcourir)… Comédie, tragédie, chorégraphie, acrobatie, un kaléidoscope de scènes équestres qui se termine de façon stupéfiante et presque indiscrète, par le sacre de l'étalon.

Un spectacle fascinant et fortement musical, habité par le souffle vital des animaux et des instruments, des cavalcades et des tambours.

À voir encore à Caen jusqu'au 25 octobre puis au fort d'Aubervilliers à partir du 9 novembre.

 

plume 14 Alain Lambert
12 octobre 2018

 

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