Ensemble AEDES, Brel et Barbara a cappella. Evidence 2018.
Enregistré Salle Colone, juillet 2016.
L’ensemble vocal Aedes créé en 2005 par Mathieu Romano est aujourd’hui l’un des plus accomplis de l’hexagone. Préparé à chanter un répertoire allant de musique ancienne à contemporaine, il accumule de nombreuses résidences, assure une trentaine de concerts par an, compte une dizaine d’enregistrements discographiques dont six monographiques.
Pour les 90 ans des naissances de Jacques Brel (né en 1929) et de Barbara (née en 1930), l’ensemble Aedes a fait appel à 10 arrangeurs, venus de mondes quelque peu différents, pour offrir un florilège puisé dans le répertoire de ces deux immenses artistes, fleurons de l’âge de platine de la chanson française d’après-guerre aux années 1980.
Dix-sept chansons pour les dix-sept vocalistes de l’ensemble (qui peut monter à quarante avec renforts).
C’est une magnifique réalisation, de finesse et d’originalité, arrangements et restitution compris, qui ravira, sans aucun doute, les amateurs de chant a cappella.
Il s’agit de véritables recompositions, qui peuvent ici et là, pencher musique contemporaine (Gaugin), Les Frères Jacques (Le Tango funèbre, L’Air de la bêtise, Le Gaz), les Double-Six (Dis quand reviendras-tu ? Hop là), l’opérette (Grand-Mère) ou la comédie musicale américaine (Septembre).
Mais cette réussite qui frise la perfection est un régal qui pourrait bien décevoir les amateurs de ces deux géants de la chanson française, qui y sont désincarnés. Dans la chanson populaire, l’interprète est une part importante de la partition. Or, on n’a repris ici que les notes et les paroles, lissé et étiré la prosodie à la rendre parfois éthérée, ce qui est particulièrement gênant pour « entrer » dans les chansons à caractère dramatique les plus connues comme Ne me quitte pas ou L’Aigle noir, voire Dis quand reviendras-tu ? Des chansons qui ont au sens propre du corps ». On se rattrapera sur des réussites de lettre d’esprit, accessibles de plain-pied, ou du premier coup d’oreille, tel entre autres, Voir un ami pleurer ou L’Amour est mort.
Un signe peut-être à ces deux artistes qui ont quitté les fureurs du monde, qu’on imagine chez les anges, auxquels on aurait tendance à adresser un plain-chant qui serait maintenant leur langage.
1.Barbara, Gauguin (arr. Aurélien Dumont), 2. Jacques Brel, Le tango funèbre (arr. Manuel Peskine), 3 .Jacques Brel, Les fenêtres (arr. Vincent Manac’h), 4. Barbara, La mort (arr. Manuel Peskine), 5. Jacques Brel, La valse à mille temps (arr. Julien Joubert), 6. Barbara, Dis, quand reviendras-tu ? (arr. Manuel Peskine), 7. Jacques Brel, Voir un ami pleurer (arr. Philip Lawson), 8. Jacques Brel, L’air de la bêtise (arr. Victor Jacob), 9. Jacques Brel, L’amour est mort (arr. Fabien Touchard), 10. Barbara, Attendez que ma joie revienne (arr. Victor Jacob), 11. Barbara, Hop-là (arr. Julien Joubert), 12. Jacques Brel, Ne me quitte pas (arr. Christophe Looten), 13. Jacques Brel, Le Gaz (arr. Manuel Peskine), 14. Jacques Brel, Grand-Mère (arr. François Saint Yves), 15. Barbara, L’aigle noir (arr. Philip Lawson), 16. Barbara, Septembre (arr. Vincent Monac'h), 17. Jacques Brel, La quête (arr. Fabien Touchard)
Jean-Marc Warszawski
13 mars 2019
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