Buxehude, Vater Unser : l'image du père dans la musique baroque allemande, Jacques Pichard (orgue Le Blé, cathédrale de Nanterre), Cécile Côte (soprano), Saskia Salember (mezzo-soprano et violon). Triton 2018 (TRIHORT 562).
Enregistré à la cathédrale Sainte-Geneviève de Nanterre, 2, 5-7 septembre 2017.
Jacques Pichard est diplômé d’harmonie et de contrepoint à l’École normale de musique de Paris et d’orgue au Conservatoire d’Aubervilliers. Après avoir été titulaire au long de treize années de l’orgue de la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière à Paris, il a été nommé organiste titulaire de la cathédrale de Nanterre. Sa carrière de concertiste le mène à diverses tribunes. Compositeur une partie de ses œuvres a été enregistrée, Rieger du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (Hortus 2005), à l’orgue Pascale Rouet à l’orgue de l’église Sainte-Croix de Montélimar (Triton 2006), et à l’orgue de Notre-Dame d’Évreux (Triton 2008). Il a été en résidence au Conservatoire de Charleville-Mézières, enseigne l’orgue dans ceux de Viry-Châtillon et de Savigny-sur-Orge, ainsi qu’au cours de diverses classes de maître.
Suite à la restauration de l’orgue de la cathédrale de Nanterre par Pierre-Yves le Blé, il juge le replacement du cromorne par un dulcian de 8 pieds propice au répertoire des organistes nord-allemands, d’où ce cédé. Il prend également le contre-pied au culte marial autour du thème du Notre Père, un point de vue liturgique qui n’est pas vraiment assimilable à « l’image du père » comme il est écrit sur la pochette, qui veut être celle de Johann Buxtehude, organiste, père et professeur de son fils Dieterich.
Bien entendu, l’œuvre centrale de Dietrich Buxtehude de Lübeck est à l’honneur, et l’apogée évoquée par une courte pièce de Johann Sebastian Bach. Mais on se réjouit de la présence de Nicolas Bruhns de Husum, et aussi deux contemporains de Bach, Georg Böhm de Lüneburg (séjour important pour Bach), et Johann Gottfried Walther de Weimar, peut-être plus connu pour ses écrits que pour son importante œuvre d’orgue.
Le culte marial est celui de l’intercession, de l’entremise, pour éviter l’angoisse d’affronter directement le Père, personnage au jugement et pouvoir angoissants, enfin, le côté humain plutôt que le Mystère. Mais ici, pas de tonnerre ni de jeux bruités, de la rondeur qui n’exclue pas de belles élévations gothiques, parfois en grand jeux, ou quelque acidité (Bicinium du choral de Buxtehude, Nimm von uns, du treuer Gott). Il s’agit de faire monter la prière et d’évoquer la puissance divine, dont la colère n’est pas au rendez-vous de ce cédé, sinon peut-on imaginer quelque angoisse dans le prélude en ré mineur de Georg Böhm (plage 16), vite balayé pas son glorieux, fervent et lumineux prélude au choral Vater unser im Himmelreich qui achève ce programme comme un majestueux appel.
Dieterich Buxtehude, Klaglied, plage 10 (exrait). Jean-Marc Warszawski
27 avril 2019
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Mercredi 9 Décembre, 2020