Grande réunion normande hier matin au Conseil Régional à Caen pour parler de la langue normande, ou des parlers normands, ou du patois comme disent les gens d'ici qui patoisent encore, et pour qui le terme n'est pas forcément dévalorisant. Ce que la réunification de la région a permis pour la première fois de façon institutionnelle, en s'appuyant, à l'initiative de la FALE, la Fédération des Associations pour la Langue normande, avec des intervenants venus de toute la Normandie, du Cotentin, de Caen, de l'Eure, du Pays de Caux, de Guernesey, de Jersey, et des régions voisines de langue d'oil, pays picard et pays gallo...
Des échanges sur la question d'une langue commune à mettre en place tout en conservant la diversité des parlers, sur la question de la toponymie des nouveaux lieux à nommer, sur la question de la diversité culturelle qui fait la richesse d'une nation tout en conservant les enracinements régionaux...
En conclusion, le président du Conseil régional s'est engagé à trouver les outils pour préserver ce patrimoine linguistique en équilibre entre passé et avenir, à mettre en place des groupes de réflexion sur le problème posé par une langue commune ou celui de nommer au mieux les nouveaux lieux. Aussi au niveau éducatif comment permettre une initiation en primaire et des options en collège et lycée, au moins dans un collège et un lycée par département, avec un véritable certificat universitaire à l'université de Caen.
Entre deux tables rondes, les collégiens de Bricquebec, accompagnés de leur professeur Marie-Claire Lecoffre, ont fait sensation avec leurs saynètes et leur chanson, La feire Ste Aône, qui a été très applaudie. Ils l'ont reprise ensuite avec Théo Capelle du groupe Magène pour clore en musique la réunion, car la chanson et la poésie, depuis la fin du xixe ont permis à cette langue rurale et orale de continuer d'exister malgré l'uniformisation éducative française.
Kit Ashton le Jerriais à Caen. Photographie © Alain Lambert.
Puis Kit Ashton, représentant de Jersey et remarquable chanteur guitariste des Badlabecques [voir notre chronique] a chanté quelques chansons en solo et en jerriais, dont un Rigodon de chorchier et Danse mé au but du d'si, une traduction de Dance me to the end of love de Léonard Cohen.
Enfin Magène, en trio — Jean Louis Dalmont à la guitare, Dany Pinel à l'accordéon et non à la contrebasse, et Théo Capelle à la voix profonde — a repris « des caunchons de son drenyi cédé » [voir notre chronique] dont Je syis magnifique, ou Les petites gens, dédié aux gilets jaunes (« mais pas ceux qui cassent ») avant de terminer par Su la mé, l'hymne tranquille du Cotentin.
Magène à Caen. Photographie © Alain Lambert.
À suivre donc pour cette initiative. En attendant le nouveau disque de Magène prévu pour bientôt. Et aussi peut être un disque de la Loure avec l'université du Manitoba sur la tradition de la chanson francophone au Canada.
Alain Lambert
19 janvier 2019
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