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5 décembre 2019 —— Jean-Marc Warszawski.

Prades aux Champs-Élysées

Michel Lethiec à Prades (août 2019). Photographie © musicologie.org.Michel Lethiec à Prades (août 2019). Photographie © musicologie.org.

Le festival Pau Casals de Prades soufflera l’été prochain ses soixante-dix bougies.  Créé en 1950 à l’occasion du bicentenaire de la mort de Johann Sebastian Bach, dans des conditions assez épiques sur fond d’humanisme et de pacifisme, ce festival s’est maintenu, malgré le départ de Casals, puis son décès, et le fait que les célébrités mondiales qui s’y produisaient étaient motivées par la présence du violoncelliste, pas par la beauté du lieu. Mais des personnalités y tenaient et les élus locaux ont fait ce qu’il fallait. Depuis les années 1985, en y accotant une académie, Michel Lethiec devenu directeur, lui a redonné du lustre, irrigue la région et ses lieux magnifiques parfois insolites d’une bonne trentaine de concerts, sans compter les représentations du festival à l’étranger et à Paris deux fois l’an, au Théâtre des Champs-Élysées... depuis vingt-sept ans.

La délégation de ce Prades aux Champs-Élysées du 30 novembre dernier, conduite par le chef en chef Michel Lethiec, comprenait le quatuor Artis, Jean-Louis Capezzali (hautbois), André Cazalet (cor), Carlo Colombo (basson), Jurek Dybal (contrebasse), Jean-François Heisser (piano).

Ils ont interprété le quatuor K 465, « Les dissonances »,  de Mozart, qui doit son nom aux vingt-deux premières mesures adagio, qui par son mouvement lent inhabituel à l’époque pour un premier mouvement de quatuor et ses « retards » de résolution des dissonances a fait abondamment causer et couler beaucoup d’encre. Faisant partie de six quatuors dédiés à Joseph Haydn, on pourrait y voir un message lui étant adressé. Le maître de chapelle des Esterhazy a tout de même frissonné des oreilles à l’écoute de ces mystérieuses vingt-deux  mesures, qui cèdent place à une œuvre lumineuse, belcantiste et particulièrement concertante et égalitaire. On attribue à Beethoven le fait d’avoir établi cette égalité en délivrant enfin le violoncelle de la basse ou des doublures de basses du piano. Mozart est tout de même passé par là.

Le quintette pour piano et vents du même est  intrigant. Il a quelque chose du concerto, où le piano lancerait les thèmes, et de l’exercice d’instrumentation, où tout se concentre sur la circulation des motifs et le brillant des timbres. Là pas de discussion, une concentration collective.
La seconde partie du concert est consacré aux six mouvements de l’octuor D. 803, de Franz Schubert œuvre-fleuve de 60 minutes. Commande du comte Ferdinand Troyer, il semble que cette œuvre  ait été conçue, quant à la forme, les mouvements, la tonalité, sur le modèle du septuor opus 20 (1799), fort en vogue, de Ludwig van Beethoven. En 1727, un critique  tout en relevant les qualités de l’œuvre, craignait que sa longueur  vînt à bout de l’endurance des auditeurs. Il faut en effet tenir la concentration.  La pièce réapparaîtra dans les années 1860.

Mis à part quelques traits virtuoses du violon, les cordes font l’orchestre, la clarinette est soliste, le cor sonne par intermittence, et le basson se tape les basses. Si Schubert va déjà très mal en 1824, son octuor est plutôt dans son ensemble lumineux, voire pastoral, mais, il me semble, elle n’appartient pas au souffle génial des chefs d’œuvre à venir, que le compositeur va enchaîner à l’approche de la mort, même si elle est  contemporaine au quatuor en re mineur D. 1824 qui, lui, en fait partie.

Le beau Théâtre des Champs-Élysées est plein sans être archicomble, le public est ravi par la qualité musicale qui a régné au long de la soirée.

Prochain Prades aux Champs-Élysées, mardi 28 avril, pour une soirée Beethoven.

plume 4 Jean-Marc Warszawski
5 décembre 2019
© musicologie.org.


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