Margarita Höhenrieder, Piano Works by Clara and Robert Schumann. Solo musica 2019 (SM 312).
Enregistré les 16-14 janvier 2019 à Zug en Suisse (piano Pleyel 1850).
Margarita Höhenrieder a étudié le piano avec Anna Stadler et Ludwig Hoffmann à Munich, sa ville natale, puis au Conservatoire de musique Peabody de Baltimore, sous la direction de Leon Fleisher. En 1981, elle a remporté le premier Prix du concours international de piano Ferruccio Busoni à Bolzano et a enchaîné avec une carrière internationale, comme récitaliste, concertiste et chambriste. Elle a joué avec tous les grands orchestres allemands, et avec des partenaires tels que le flûtiste Emmanuel Pahud, la clarinettiste Sabine Meyer, le pianiste Alfred Brendel.
Parmi la bonne quinzaine de disques qu’elle a enregistrés, on remarque la place faite au compositeur Harald Genzmer (1909-2007), qui lui a dédié plusieurs œuvres.
Après avoir enregistré, en 2002, les concertos pour piano de Clara et Robert Schumann, avec la Neue Philharmonie Westfalen, sous la direction de Johannes Wildner (BMG Ariola), Margarita Höhenrieder revient visiter le couple mythique, cette fois dans l’intimité de leurs œuvres croisées pour piano, qu’ils jouaient ensemble, discutaient, s’offraient aux anniversaires, partageaient avec leurs amis, avant tout Johannes Brahms et Felix Mendelssohn.
Le côté intime tient surtout au piano Pleyel de 1850 que la pianiste a adopté pour cet enregistrement, un son qui ne porte pas jusqu’au dernier rang des grandes salles, avare en brillances harmoniques et résonnance profonde, mais proche de l’oreille et aussi des émotions.
Mais pourquoi pas un peu de courrier du cœur. L’histoire amoureuse de Clara et de Robert Schumann est une grande histoire, celle de Clara Schumann et de Johannes Brahms fut certainement également grande. Mais ce fut aussi une belle débâcle dans la folie de Robert et les renoncements, qui commencèrent pour Clara par l’abandon de la composition, parce que selon elle, ce n’était pas une affaire de femme. Mais il fallait aussi faire tourner la maison à la nombreuse progéniture, et assurer les revenus du foyer par de nombreux concerts et leçons de piano. Ce qui a tenu tout cela, c’est la musique. Là folie et renoncements deviennent chatoiements de beauté, une nécessité vitale, au fond peut-être un refuge.
Mais les pièces du programme précèdent le mariage, pour lequel ils se sont tant battus contre le père de Clara. Les papillons de Robert Schumann ont même été composés avant leur premier baiser et autres promesses, alors qu’il rêvait de devenir un grand soliste, plus qu’à mademoiselle Wieck. En face les Trois romances de Clara ont été composées en pleine romance quant à elle amoureuse, mais surtout au moment où sa renommée s’affirmait dans le succès de ses tournées de concerts. Peu avant, Robert a composé sa formidable sonate en sol mineur qui clos un programme ouvert par une autre sonate en sol mineur, celle de madame Clara Schumann, jeune mariée. Ce qui justifie peut-être un petit air de famille entre les deux premiers mouvemernts.
Clara Schumann, Sonate en sol mineur, IV, Rondo, plage 4.1-4. Clara Schumann, Sonate pour piano en sol mineur, 5-16. Robert Schumann, Papillons, opus 2, 17-19 Clara Schumann, Trois romances, opus 11, 20-23. Robert Schumann, Sonate no 2, en sol mineur, opus 22.
Jean-Marc Warszawski
3 juin 2020
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