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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

Les œuvres symphoniques de Carl Maria von Weber  (1786-1826)

Homme de théâtre avant tout, Weber ne s’est guère intéressé au domaine symphonique, et son principal titre de gloire en ce domaine reste une certaine Invitation à la valse, une page superbe, issue on le sait de son Invitation à la danse (opus 65) pour piano, et qui doit en partie son succès à la très belle orchestration réalisée par Berlioz.

Au tout début de sa carrière (1807), alors qu’il venait d’entrer au service du duc Eugen de Wurtemberg, il composa tout de même deux symphonies, l’une et l’autre en ut majeur. Entre deux périodes agitées, Weber avait trouvé refuge « auprès d’un prince illuminé qui avait aménagé dans sa campagne silésienne un royaume magique fait de grottes et de jardins fantastiques. Avec, en outre, un théâtre et un petit orchestre, où le prince tenait le hautbois et avait supprimé sa rivale la clarinette. C’est précisément pour cet orchestre, dans une atmosphère euphorique, que Weber composa ses deux chefs-d’œuvre de jeunesse. On pourra trouver ces symphonies décousues, mal construites. Elles ont d’autres qualités, de flamme, de générosité, de malice. »19 Certes, ces deux œuvres ne nourrissent aucune prétention novatrice, mais quelque chose y annonce le Weber à venir, à commencer par le bonheur avec lequel le jeune musicien varie les coloris de l’orchestre et organise les échanges entre les instruments solistes et l’orchestre.

Carl Maria von Weber, Symphonie no 1, en ut majeur, par The London Classical Players, sous la direction de Roger Norrington.

Restent les ouvertures d’opéras, un registre où on trouve un peu de tout, y compris — dans des ouvertures peu connues comme celles de Preziosa, de Jubel, d’Abu Hassan ou de Peter Schmoll — des turqueries, espagnolades, chinoiseries… ou encore une transcription du God Save The King. L’intérêt se concentre toutefois sur les trois grandes ouvertures, celle du Freischütz, celle, tout aussi splendide ou presque, d’Euryanthe, et enfin la merveilleuse ouverture d’Obéron, d’une magie proprement féerique. Sauf, bien sûr, à aller plus avant dans ces opéras, il n’est guère de pages qui donnent à ce point la mesure du génie orchestral et de l’imagination poétique du compositeur, mais il est vrai qu’il était là dans son jardin…

Carl Maria von Weber, Ouverture du Freischütz par la Staatskapelle Dresden, sous la direction de Carlos Kleiber.
Carl Maria von Weber, Ouverture d’Euryanthe par le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, sous la direction de Rafael Kubelik.
Carl Maria von Weber, Ouverture d’Obéron, par le Wiener Philharmoniker, sous la direction de Karl Böhm.

plumeMichel Rusquet
2020
© musicologie.org

Notes

19. Tingaud J. L., dans « Diapason » (416), juin 1995.


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