22 novembre 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

Un concert à Florence en 1350

Sollazzo Ensemble, sous la direction d'Anna Danilevskaia, Firenze 1350, un jardin médiéval florentin, œuvres de Francesco Landini, anonymes, Donato di Firenze, Paolo di Firenze, Giovanni di Firenze, Andrea di Firenze... Èdition Ambronay 2020 (AMI 055).

Enregistré à l'abbaye d'Ambronay le 22-25 Juillet 2019.

L’ensemble vocal et instrumental Sollazzo, sous la direction de la vièliste Anna Danilevskaia, a été fondé à Bâle en 2014. Il se consacre à la musique de la dernière période médiévale. Remarqué dans ses prestations scéniques, distingué par son premier enregistrement consacré aux chansons morales du moyen-âge (Linn 2014), il achève cette année une résidence au Centre de rencontres d’Ambronay.

Pour leur quatrième enregistrement, et troisième pour les éditions Ambronay, les Intrattenitori di Sallazzo ont imaginé un programme centré sur Florence, et pour en corser l’image poétique, plus précisément un jardin florentin, dans lequel, selon la légende, Francesco Landini, dit Francesco degli Organi (v. 1330-1397), aurait fermer le bec aux oiseaux par la beauté de son art.

Il s’agit essentiellement d’œuvres pour la cour ou de bonne compagne, y compris celles édifiantes à sujet religieux, de facture précieuse et maniérée, c’est-à-dire savante.

La période montre un enrichissement du chant d’organum, où une voix dite de teneur ou principale chante des valeurs longues pour soutenir une autre voix, ou deux ou trois, en valeurs plus brèves à l’évolution plus libre. On retrouve fondamentalement ce système, mais la teneur y est orchestrale, et les voix qui se superposent, dotées de textes, ont une belle liberté narrative (elles se rejoignent sur les cadences), c’est le motet, qui peut avoir ici des formes assez sophistiquées, prémices de la polyphonie foisonnante fleurissante de la Renaissance.

Sur la longueur, le risque de monotonie est ici évité par la qualité de l'ensemble, les très belles prestations vocales et la l'excellente qualité sonore. Aussi par le fait qu'on met ici en valeur la recherche expressive, voire descriptive, qui atteindra des sommets de sophistication dans le madrigal, également à ma Renaissance.

Perrine Devillers (sopranos), Yukie Sato (soprano), Andrew Hallock (contre-ténor) et Vivien Simon (ténor), Anna Danilevskaia (vièle à archet), Sophia Danilevskaia (vièle à archet), Christoph Sommer (luth), Franziska Fleischanderl (psaltérion), Roger Helou (oragnetto).