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25 mars 2021 —— Frédéric Norac.

Parla, canta, respira, Madrigaux de Barbara Strozzi

Parla, canta, respira, Madrigaux de Barbara Strozzi, poèmes d'Erri de Luca, Lise Vericel (soprano), Peter de Laurentiis (récitant), Le Stelle. Seulétoile 2021 (SE02)

La musique de Barbara Strozzi, chanteuse et compositrice florentine du xviie siècle, n'est pas tout à fait ignorée du disque, mais rares sont ceux qui lui sont entièrement consacrés. On en recense une dizaine depuis 1983 et les débuts du cd, dont certains par des ensembles et des interprètes prestigieux, mais pas un seul ne semble être encore disponible à ce jour. Celui que lui consacrent Lise Viricel et l'ensemble Le Stelle a beaucoup d'atouts. Avec seize airs extraits de quatre de ses huit opus, essentiellement les opus 1, 2 et 8, il offre un panorama très varié de sa production. La richesse de l'instrumentation vient chaque fois renouveler un discours lui-même multiple tant pour la forme que pour le ton, mais que toujours domine le thème de l'amour. L'idée d'offrir en miroir des poèmes d'Erri de Luca, écrivain napolitain du vingtième siècle, sept en tout, d'une superbe concision et dont les images ont le tranchant acéré du diamant, donne tout à la fois une résonance et un contrepoint à la poésie sophistiquée et métaphorique des airs chantés et en renforce l'impact. Remarquablement dits par Peter de Laurentiis, ils sont comme une translation dans notre époque d'un langage ancien.

La voix très pure de la soprano Lise Viricel et son chant virtuose et expressif sont bien mis en valeur par le choix d'un instrumentarium qui réunit cordes (harpe, violon, viole de gambe et lirone) et vents (trois saqueboutes, un cornet à bouquin et un basson) souvent soutenus par l'orgue. On appréciera singulièrement la créativité qui se déploie dans les quelques pièces instrumentales captivantes qui émaillent l'enregistrement et on aimerait connaître qui est l'auteur des « arrangements », à moins qu'il ne s'agisse d'une « orchestration » originale, auquel cas il n'y a pas à douter que le versant instrumental de la compositrice réclame une exploration systématique. On ne fera qu'un seul petit reproche à ce disque par ailleurs de grande qualité. Pourquoi avoir choisi cette acoustique large et réverbérée pour un programme qui semble plutôt regarder du côté de l'intime et la confidence ?

plume 7 Frédéric Norac
25 mars 2021


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bouquetin

Mercredi 31 Mars, 2021 4:48