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Paris, amphithéâtre du musée de la Musique, 5 octobre 2022 — Frédéric Norac

Petits riens Mozartiens : le salon Mozart de Louis-Noël Bestion de Camboulas

Louis-Noël Bestion de Camboulas. Photographie © Jean-Baptiste Millot.

On connaissait Louis-Noël Bestion de Camboulas comme chef d’orchestre et claveciniste, on le découvre à travers ce concert « pianofortiste » et surtout organiste. Le programme réunit en effet quelques pièces vocales émaillant un programme essentiellement tourné vers l’orgue, avec six des célèbres sonates d’église, dites « all’epistola », composées par Mozart dans sa période salzbourgeoise ainsi que bon nombre de curiosités, notamment une transcription de l’Adagio pour harmonica de verre, K.356 et trois des pièces d’horloge musicale, Hob.xix de Haydn, d’une redoutable virtuosité.

Si dans la plupart des sonates, l’orgue sert de basse continue au reste de l’orchestre — ici simplement deux violons, un violoncelle et une contrebasse — dans la dernière la K.336, il devient soudain l’acteur majeur. Sur le bel orgue aux sonorités typiquement baroques de l’amphithéâtre du musée de la Musique, le soliste se lance dans un dialogue concertant et nous régale d’une magnifique coda, improvisée (?) à en juger par l’attente qui se lit chez les instrumentistes, se demandant quand il pourront reprendre la parole. On regrette tout de même que l’effectif réduit, s’il convient bien au reste du programme, n’enlève un peu de brillant à ces sonates de jeunesse.

Du côté des pièces vocales, Marie Perbost offre un délicat « Oiseaux si tous les ans » et Marc Mauillon « Dans un bois solitaire », pris dans une tonalité plus grave que de coutume ce qui lui donne un caractère presque dramatique. On entend aussi deux airs allemands « Die Zufriedenheit », K. 349 et une belle prière « O Gottes Lamm », K.343. La pièce la plus curieuse est sans doute cette fantaisie de Carl-Philipp Emmanuel Bach sur laquelle le poète Gerstenberg a ajouté des paroles adaptées du monologue d’Hamlet, « To be or not to be », où le chef accompagne Marc Mauillon au pianoforte.

Ce programme est en fait un avant-goût d’un double CD, « Unexpected Mozart » coproduit par le Musée de la musique qui a prêté un clavecin Hemsch de 1761 et un pianoforte Gräbner de 1791 sur lequel Louis-Noël Bestion de Camboulas donne une Petite marche funèbre, K.453a (pour l’enterrement du contrepoint), à paraître chez Harmonia Mundi fin octobre où figurent quelques pièces supplémentaires et surtout une instrumentation nettement plus riche que celle que permettait le petit plateau de l’amphithéâtre.

plume_07 Frédéric Norac
5 octobre 2022
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