Athénée-Théâtre Louis-Jouvet, 19 décembre 2022 — Frédéric Norac
Marc Mauillon et Anne Le Bozec. Photographie © Théâtre de l'Athénée.
Avec ce deuxième récital de la saison des Lundis musicaux, l’Athénée donnait à Marc Mauillon (actuellement à l’affiche à l’Opéra-Comique) l’occasion d’un récital entièrement composé de mélodies de Fauré auxquelles il a récemment consacré un disque unanimement salué par la critique. Son programme qui reproduit pratiquement à l’identique celui du cédé, vingt-sept mélodies données sans interruption, constitue tout à la fois un parcours chronologique dans l’œuvre du compositeur et un panorama de la poésie française des trente dernières années du xixesiècle et singulièrement de toutes les nuances du Parnasse. Selon sa sensibilité, on apprécie diversement les poèmes de Verlaine, de Villiers de L’Isle-Adam, et ceux terriblement chantournés de Catulle Mendès auprès desquels Leconte de Lisle paraît presque simple. Pour ce qui nous concerne Hugo, Gautier et Verlaine sera notre trio gagnant avec les plus célèbres compositions : Rêve d’amour, La chanson du pêcheur, Clair de Lune et En sourdine mais on découvre bon nombre de raretés dans les derniers opus.
Accompagné avec un raffinement et un toucher d’une sensibilité extrême par Anne Le Bozec sur un piano Érard de 1877, à la sonorité perlée, le chanteur captive par la qualité de son articulation qui rend les « surtitres » en fond de scène inutiles voire quelque peu parasites pour qui voudrait simplement se concentrer sur son chant. Sa voix intermédiaire entre baryton et ténor (exactement celle du Pelléas de Debussy) n’est jamais forcée dans l’émission et conserve un parfait équilibre entre musicalité et expression, avec une petite tendance à la préciosité qui convient à cet univers « fin de siècle ». Le mélange de mélodies connues et d’autres plus rares soutiennent l’intérêt dans un concert d’une heure vingt donné sans interruption, une performance qui lui vaut un joli succès. En bis, le chanteur reprend le subtil « Clair de lune » où la voix joue à parts égales avec le piano et la dernière mélodie de L’horizon chimérique, la véritable ultime composition vocale de Fauré, qui composée pour Charles Panzera demanderait peut-être un timbre plus chaud et un supplément d’expansion.
Frédéric Norac
19 décembre 2022
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