Jean-Marc Warszawski, 20 novembre 2024
From Rome to Vilnius, Canto fiorito, sous la direction de Rodrigo Calveyra, œuvres de Palestrina, Tarquino Merula, Luca Marenzio, Giovanni Battista Cocciola, Diomedes Cato, Asprilio Pacelli, Giovanni Francesco Anerio. Briant Classics 2024 (97117).
Enregistré au Grand palais des ducs de Lituanie à Vilnius.
La fin du xvie siècle et le xviie siècle ont été le théâtre d’un grand engouement pour la musique italienne, et elle intégra les plaisirs et l’apparat des cours princières qui envoyèrent leurs musiciens les plus prometteurs parfaire leur formation en Italie et surtout firent directement appel, en masse, aux musiciens italiens. Il n’est qu’à la cour de France où l’on bouda cette immigration.
Ce CD nous rappelle ce mouvement d’histoire qui a profondément marqué les esthétiques de la musique académique dite occidentale jusqu’aux trois Viennois Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig Beethoven.
L’ensemble Canto Fiorito, de Vilnius, la capitale de la Lituanie, dirigé par le flûtiste Rodrigo Calveyra, s’intéresse de près au patrimoine musical ancien de la région, dont l’apport des nombreux maîtres italiens qui y ont été actifs, d’où le titre de son album De Rome Vilnius.
Créé en 2013, Canto Fiorito semble être devenu le pilier de la musique baroque en Lituanie, par ses classes de maître et autres activités pédagogiques et ses concerts en Norvège, Autriche, Slovénie, Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne. Il a publié en 2014, un cédé consacré aux œuvres de Giovanni Battista Cocciola, actif vers 1610-1620, à la cour de Lew Sapieha, chancelier de Lituanie.
Ce cédé propose un panorama d’œuvres de Pierluigi da Palestrina et de trois de ses élèves qui furent maîtres de chapelle à la cour des Vasa : Anibale Stabile, Asprilio Pacelli et Giovanni Francesco Anerio, en passant à nouveau par celles de Giovanni Battista Cocciola et de quelques compositeurs ayant travaillé pour les Vasa : Tarquino Merula, Luca Marenzio, Diomedes Cato, Marco Sacchi, directeur de la musique à la cour de Varsovie de 1628 à 1649, et de son adjoint et remplaçant, Pękiel Bartłomiej.
En complément, quelques pièces issues des tablatures d’orgue du Livre de Braunsberg (début xviie, de Lituanie) et Album Sapieha, conservé à Vilnius.
Voici une prestation réussie, 5 voix, flûtes à bec, cornets à bouquin, orgue, viole de gambe, de belles voix soliste, un son d’ensemble homogène et joliment timbré, ample, profond, dans une atmosphère de recueillement serein, ce sont majoritairement des pièces liturgiques, et les musiciens réussissent ici à exprimer la ferveur humaine évacuant les angoisses liées aux aléas de la vie et à l’au-delà que ces pièces expriment au-delà et plus profondément que la religion.
Tarquinio Merula, Chi prend’amor a gioco,plage 17 (extrrait).Giovanni Pierluigi da Palestrina (v.1525-1594), O Magnum mysterium (1), Vestiva i colli (4) ; Tarquinio Merula (1595–1665), Benedicta tu (2), Capricio cromanico del primo tono (9), La Luisignuola (12), Canzone ii (16), Chi prend’amor a gioco (17), Folle è ben che si crede (18) ; Annibale Stabile (v.1535–1595), Quam pulchrae sunt (3) ; Luca Marenzio (c.1554–1599), Magnifiat a 8 (5) ; Diomedes Cato (v. 1565-1627), Canzon Diomedis (6) ; Asprilio Pacelli (1570–1623), Beata es, virgo Maria (7) ; Giovanni Francesco Anerio (1569 – 1630, O quam suavis (8) ; Marco Scacchi (v.1600–1662), Vobis datum est (10) ; Bartłomiej Pękiel (…-1670), Dulcis amor Jesu (11) ; Giovanni Battista Cocciola (actif 1610-1620), Cantabant sancti (13), Laetemur hodie (15) ; Anonyme, Album Sapiega, O, vezre digna hostia (14).
Jean-Marc Warszawski
20 novembre 2024
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Mercredi 20 Novembre, 2024 1:41