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8 juin 2024 — Jean-Marc Warszawski

Leipzig : de BachStage à BachJazz

Leipzig, juin 2024, Leip-Jazz-ig Orkerster et le Bach Collegium d’Asunción. Photographie © musicologie.org.

Pendant les trois premiers jours des dix du Festival Bach de Leipzig, il y a Le « BachStage », scène dressée sur la grande place historique de la ville, trois jours de concerts gratuits dans une atmosphère populaire, avec des programmes originaux et de grande qualité qui disent le respect des organisateurs pour le public. Ce soir, samedi 8 juin, 2e BachStage, c’était BachJazz, introduit par le quatuor vocal de la fondation Saint-Gall accompagné par le pianiste Rudolf Lutz, dans des chorals vieux de 500 ans (Choral Total est le thème du festival 2024), de Martin Luther, Martin Rinckart, Philippe Nicolai et autres. Une présentation décontractée, commentée souvent avec humour par l’intendant du festival en personne, Michael Maul, et invitant le public, muni des partitions, à entonner ces chorals. Il y a là, toujours plaisir et émotion.

Michael Maul et le quartet de Saint Gall. Photographie © musicologie.org.

Puis le Leip-Jazz-ig Orkerster et le Bach Collegium d’Asunción, au Paraguay, ont confronté les chorals traditionnels au jazz sous la direction du pianiste Stephan König. Deux mondes se cherchant, un jazz assez moderne dans des échelles plus modales que tonales (comme d'ailleurs les chorals, d'où le titre du programme : Choral Modal ?), dans une optique à tendance expérimentale, restant tout de même terre expérimentée, qui vient de deux mondes qui ne fusionnent pas vraiment, avec en intermède deux chants traditionnels solistes du Paraguay sous les explications du directeur de l’ensemble Diego Sánchez Haase. Il y a chez le pianiste Stephan König, aux belles sonorités, Bach entre les doigts, quelque chose d’un Keith Jarrett, ce qui dit qu’il y a quelque chose de Bach chez Keith Jarrett, y compris dans le mythique concert de Cologne. Le public achève, a cappella, le programme sur un ultime choral.

Leip-Jazz-ig Orkerster et le Bach Collegium d’Asunción. Photographie © musicologie.org.

Enfin le Hessicher Rundfunk Big Band sous la direction de Jim McNelly, qui dans quelques jours va faire ses adieux à ce fabuleux ensemble qu’il dirige depuis 2011. On est là dans une sonorité de velours et un programme d’arrangements admirables de Jörg Achim Keller, ancien chef du Big Bang qui a dirigé la création, voici quelques années de ce « Bach goes Big Band ». On est ici dans la fusion Jazz-Bach, qui puise dans le Clavier bien tempéré, des cantates, l’Art de la fugue, les Suites françaises, les Concertos brandebourgeois, etc. On n’a pas cherché la facilité, le résultat est fastueux, comme pour le Leip-Jazz-ig Orkerster, les solistes sont splendides de goût et de tact : saxophones, trombones, cornets, guitare, contrebasse… Ils interviennent sur des plages propices à l’improvisation, ou se servant du contrepoint comme nappes harmoniques. Nous y avons pris un immense plaisir comme l’aurait pris notre regretté maître le contrebassiste Max Hediger passionné, à l'université, par les divergences entre harmonie jazz et harmonie « classique », cherchant les convergences possibles, comme ce fut le cas ce soir, bien que la beauté et la satisfaction esthétique soient tout autant faites de la contradiction que de la conciliation. Tout est dans l’art de faire. Ce soir, le service a été parfait.

plume_07 Jean-Marc Warszawski
8 juin 2024
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Lundi 17 Juin, 2024 9:50