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Les enjeux des œuvres musico-scéniques du XXe siècle à nos jours : performance, trace et hybridation

20 et 21 Mars 2025, Strasbourg

Colloque
Appel à communications
Q Salle de Conférence de la Misha, 5 allée duGénéral Rouvillois 67000 Strasbourg

Opéra, ballet, théâtre musical, théâtre instrumental, musical, ne sont que quelques catégories clés pour identifier les multiples genres musico-scéniques qui ont proliféré tout au long du 20e siècle. Les œuvres identifiées au sein de ces genres présentent certaines caractéristiques communes : elles sont hybrides, c'est-à-dire qu'elles résultent de la confluence de différentes formes artistiques (théâtre, musique, littérature, danse, etc.) ; elles répondent plus ou moins à une trace (qu'elle soit graphique, phonographique ou vidéo-phonographique) ; leur représentation dépend d'une « mise en scène » qui produit une actualisation/réinterprétation continue de l'œuvre (dans certains cas, elle modifie même les symboles qui figuraient à l'origine dans celle-ci). Ce colloque invite les chercheurs, les compositeurs et les interprètes à explorer les aspects formels, esthétiques, historiques et sociaux des genres, des styles et des œuvres spécifiques qui peuvent être inclus dans la vaste catégorie des « œuvres musico-scéniques ». Il s'agit d'éclairer différents points de vue, de questionner la manière dont la musique est modélisée à travers les prismes de la performance, de la trace et de l'hybridation.
Précisions sur les axes proposés :

1. Performance : il s'agit d'analyser tout ce qui concerne le monde de la performance et des interprètes : gestes, émotions, styles de jeu, processus cognitifs qui aboutissent à la constitution d'un résultat sonore ou cinétique. Quel est le rapport de l’interprète à la trace ? S'agit-il d'un acte d'exécution, de création ou des deux simultanément ? La question pourra être développée d'un point de vue historique, esthétique et sociétal pour identifier, par exemple, l'influence des mœurs d'une époque sur la performance, ou, encore, pour analyser les résultats d'une interprétation particulière d'un point de vue esthésique. Il s'agira également d'explorer la façon dont les interprètes s'inspirent de la musique pour créer des expériences immersives, de poser et d'interroger les limites de la performance scénique d'un point de vue éthique, et de s'interroger sur la relation entre la performance et le développement technologique.

On pourra s’appuyer par exemple sur les travaux de François Delalande (1988), Nicholas Cook (2013), Davies David (2004), John Rink (2003), Godlovitch (1998) et Alessandro Arbo (2019)

2. Trace : dans son article « Implementation of the Arts », le philosophe Nelson Goodman identifie les arts du spectacle comme des « arts à deux étapes ». Selon sa théorie, les œuvres de cette catégorie comprennent un processus d'exécution et un processus d’implémentation1. C'est dans le processus d'exécution que l'on retrouve à la fois la question de la trace et celle de la performance. Dans son ouvrage The Normativity of Musical Works, Alessandro Arbo repère les différences entre les trois formes d’expression de la trace musicale : oralité, notation (diagrammes, partitions, etc.) et enregistrement (vinyles, bandes, fichiers numériques). C'est grâce à ces « traces » que les œuvres musicales peuvent être actualisées et perdurer dans le temps. Cependant, chaque genre (et parfois chaque œuvre) possède des us et coutumes particuliers, tant en ce qui concerne la fixation de cette trace (caractéristiques et quantité d'informations qu'elle comporte), qu'en ce qui concerne son processus de « décodage », laissant plus ou moins de liberté aux artistes pour l'actualisation des œuvres.

Dans cet axe, il s’agira d’interroger le rôle mémoriel de ces traces, de leur impact historique ou historiographique et d’étendre le questionnement aux œuvres « éphémères ». Dans ce cas, la question de la définition même de l’œuvre semble émerger...

3. Hybridation : l'hybridation de la musique est à l'image du monde, plurielle. Que ce soit par les formes artistiques qu'elles contiennent ou par les médias (ou matériaux) qu'elles intègrent, les œuvres musico-scéniques ont toujours été caractérisées par leur nature hybride. Dans son article

« Hybrid Art Forms », Jerrold Levinson suggère que la condition d’hybride est avant tout historique : « Une forme d'art est hybride en vertu de son développement et de son origine, en vertu de son émergence à partir d'un champ d'activités et de préoccupations artistiques préexistantes, dont elle combine d'une certaine manière deux ou plusieurs d'entre elles ».

Dans quel sens peut-on considérer le caractère hybride d'une œuvre (d'un groupe d'œuvres) ? De quel type d'hybridation s'agit-il ? Telles sont quelques-unes des questions clés qui peuvent guider les présentations de cet axe. Il s'agira également de mettre en évidence l'origine (historique ou géographique) des éléments constitutifs de l'hybridation, afin d'éclairer le moment, la manière et les motifs (conscients ou inconscients) qui l'ont engendrée.

Soumission des propositions

Nous encourageons les contributions sous forme de communications, posters, ou performances (durée 20 min). Les propositions (300 mots maximum) doivent inclure un titre, une brève présentation de l’argument et une biographie de l'auteur(e). Merci de soumettre vos propositions avant le 20 janvier 2025 à l’adresse suivante

Comité scientifique : Alessandro Arbo, Mathieu Schneider, Maud Pouradier, Hélène Marquié, Guillaume Sintès, Diane Cardot et Luciana Colombo.

Langues : Les communications peuvent être présentées en français ou en anglais.

Contact

Diffusion : Revue Musique en acte (en ligne), captation vidéo

Exemples d’ouvrages

ADLINGTON, Robert (2020), New Music Theatre in Europe: Transformations between 1955-1975.

Musical Cultures of the Twentieth Century. London: Routledge.

ARBO, Alessandro (2019), « Quelques réflexions sur le statut de la performance musicale », International Review of the Aesthetics and Sociology of Music , Vol. 50, No. 1/2, pp. 123-142.

(2021), The Normativity of Musical Works, A Philosophical Inquiry, Leiden/Boston, Brill.

CASTANET, Pierre-Albert (2003) « Opera mundi: l’opéra pluraliste ou les vicissitudes socio-culturelles et socio-politiques de l’opéra contemporain ». In Composer un opéra aujourd’hui: actes de la journée d’étude du 13 mai 2003; [Journée d’Étude « Composer un Opéra Aujourd’hui »], édité par Béatrice Ramaut-Chevassus et Esplanade Opéra Théâtre de Saint-Étienne, 79‑105. Musicologie 2. Saint-Étienne: Publ. de l’Univ. de Sainte-Étienne.

COOK, Nicholas (2013). Beyond the Score: Music as Performance, Oxford, Oxford University Press. DAVIES, David (2004). Art as Performance, Oxford, Blackwell.

DELALANDE, François (1988). « La gestique de Gould : éléments pour une sémiologie du geste musical », in GUERTIN, Ghyslaine (dir.), Glenn Gould Pluriel, Verdun, Louise Courteau, p. 85-111.

GODLOVITCH, Stan (1998). Musical Performance. A Philosophical Study, London and New York, Routledge.

GOODMAN, Nelson (1982), “Implementation of the Arts”, The Journal of Aesthetics and Art Criticism, Spring, Vol. 40, No. 3, pp. 281-283

LACOMBE, Hervé (2007), Géographie de l’opéra au XXe siècle. Les chemins de la musique. Paris: Fayard. (2022), Histoire de l’opéra français XXe-XXIe siècles, Paris : Fayard.

LAPLACE-CLAVERIE, Hélène (2001), Ecrire pour la danse. Les livrets de ballet de Théophile Gautier à Jean Cocteau (1870-1914), ed. Honoré Champion.

LEVINSON, Jerrold (2011), “Hybrid Art Forms”, Music, Art, and Metaphysics Essays in Philosophical Aesthetics, New York, Oxford, pp. 26-36

NATTIEZ Jean-Jacques (2019), Fidélité et infidélité dans les mises en scène d'opéra, Paris, Vrin, coll. « Musicologies ».

POUILLAUDE, Frédéric (2009), Le désoeuvrement chorégraphique. Etude sur la notion d'oeuvre en danse, ed. Vrin.

POURADIER, Maud (2023), Parler en chantant : une philosophie de l’opéra, Paris : Les Éditions du Cerf.

RINK, John, dir. (2003). Musical Performance. A Guide to Understanding, Cambridge, CUP.

Notes

1. La première (l'exécution) comprend tout le processus de création, tandis que la seconde consiste à faire « fonctionner » l'œuvre dans un contexte donné. Selon sa théorie, dans les arts performatifs, ces deux processus sont temporellement imbriqués.


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Samedi 14 Décembre, 2024