O Future de Thierry Pécou, au Théâtre de Caen. Photographie © Philippe Delval, Théatre de Caen.
Du monde dans la salle et sur la scène du théâtre de Caen pour cette deuxième représentation de l’opéra participatif de Thierry Pécou, O Future, commandé au compositeur en résidence pour le spectacle annuel de fin d’année de la Maîtrise de Caen. Avec la complicité du directeur du cirque Plume, Bernard Kudlack, pour la mise en scène, assisté de sa fille Alice, qui a aussi écrit le livret bilingue. Car la maîtrise n’est pas seule, Thierry Pécou a voulu lui associer un chœur féminin de San Francisco, dirigé par Valérie Sainte Agathe. Ce qui collait bien avec la période de commémoration du débarquement.
Pourtant le propos ne concerne pas le passé, mais bien la possibilité d’un futur pour la génération des jeunes chanteuses et chanteurs, malgré l’inaction des adultes au mieux, ou leurs actions destructrices au pire.
Ils décident de prendre les choses en main, au cours d’une assemblée extraordinaire, suite à l’oracle de l’une d’entre eux. Et de chercher dans les mythes humains des pistes de réponse possible pour réinventer le futur. On retrouve ici le compositeur de Nahasdzaan ou le monde scintillant, l’oratorio navajo proposé ici même il y a cinq ans. Mais finalement, il leur faut convenir que ce sera à eux d’imposer leur propre solution, même si le monde brûle.
Un opéra sombre malgré l’énergie chantante des jeunes acteurs, ou les numéros de nouveau cirque qui illustrent les mythes retenus, le jeu d’équilibre de Seydouba Camara avec sa structure de bâtons de palme qui s’écroule au moindre souffle, le marcheur de corde aérienne, Danny Tavori, qui provoque le déluge pour une simple paire de baskets de marque, ou Diane Renée Rodriguez, la danseuse au trapèze serpentin, qui finit par s’évanouir dans la nuit.
L’ensemble Variances du compositeur, basé à Rouen, entremêle une flûte, une clarinette, un saxophone, un violon, un violoncelle, une contrebasse, un piano, des percussions et une guitare électrique qui l’enrichit de ses phrases et de ses accords propulsifs. Les musiques, actuelles aux échos lointains, se promènent dans des espaces multiples, accompagnent les voix des chœurs et des solistes, ou les acrobaties des circassiens, avant d’arriver à l’incantation finale, jouée instrumentale, puis par le chœur des muants, enfin avec le public qui a lui aussi répété quelques minutes avant le lever de rideau.
O Future de Thierry Pécou, au Théâtre de Caen. Photographie © Philippe Delval, Théatre de Caen.
Ce jeudi soir, le chœur des femmes de l’école Musique en Plaine se joint à l’ensemble pour le renforcer, car la représentation est filmée par six caméras de France Télévision et peut être retrouvée sur le site de France TV au moins une année. Un beau concert final pour Olivier Opdebeck, directeur musical de la Maîtrise de Caen, bientôt à la retraire.
Au théâtre de Caen, samedi 29 juin à 17 h, le conservatoire de Caen propose le dernier concert annuel de l’orchestre Demos, composé de jeunes musiciens des quartiers populaires de l’agglomération caennaise, dirigé par Nicolas Simon depuis trois ans. Après un concert remarqué à la Philharmonie de Paris une semaine auparavant.
Alain Lambert
20 juin 2024
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