Théâtre des Champs-Élysées, 9 avril 2025 —— Alfred Caron.
Théâtre des Champs-Élysées, 9 avril 2025 : La Passion selon saint Matthieu.
Il y a plusieurs façons d’aborder la Passion selon saint Matthieu. Celle d’Enrico Onofri est plutôt sur le versant théâtral que religieux. Sa battue large et souple met en valeur le mouvement dramatique et les contrastes, par exemple dans le finale de la première partie où la turba et les éléments se déchaînent au moment de l’arrestation du Christ. Avec l’excellent Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes, il peut compter sur un ensemble de tout premier plan et d’une grande malléabilité pour soutenir sa lecture. Les pupitres solistes, premier violon, flûte et hautbois, viole de gambe, accompagnent et enluminent brillamment les grands airs méditatifs où s’exprime la foi du croyant qui sont les moments de grande spiritualité de l’œuvre. Si l’élément épique prévaut dans sa lecture, la dimension religieuse s’affirme pleinement dans les chorals où le splendide chœur du Narodowe Forum Muzyki de Wroclaw préparé par Lionel Sow, se révèle d’une précision et d’une homogénéité impressionnantes. Ils fournissent également la galerie des petits personnages qui animent la seconde partie, pour certains, avec un fort accent polonais.
Du côté de ses solistes, on retrouve ce caractère foncièrement théâtral. C’est le cas de la mezzo Giuseppina Bridelli dont la voix n’est pas tout à fait celle de l’alto attendu, mais qui le compense par une recherche d’expressivité de tous les instants. Le Christ monolithique de Louis Morvan s’impose avec une basse puissante et sombre, voire parfois un rien explosive, qui lui donne un caractère quasi surhumain. Julie Roset possède la suavité candide des airs de soprano et se révèle particulièrement touchante dans « Aus Liebe », faisant oublier un second air un peu trop extérieur. Le ténor central de Fabien Hyon pourra gagner en souplesse, mais son interprétation parait particulièrement habitée, notamment dans son air avec chœur « Geduld » et Thomas Dollié, à qui revient le rôle de Pilate, manque un peu de rondeur dans les airs de basse. Annoncé malade, Werner Güra paraît en effet à la peine dans ses premiers récitatifs où l’aigu s’amenuise et se pince, mais, au fil de la soirée, la voix se chauffe et se libère et, dans la seconde partie, le ténor semble avoir retrouvé la plénitude de ses moyens et se révèle un Evangéliste de grande classe, portant le récit avec sensibilité et beaucoup de nuances. L’ensemble reçoit au final un accueil enthousiaste d’une salle visiblement conquise.
Alfred Caron
9 avril 2025
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