14 mars 2025 — Frédéric Léolla
L’italienne en Algérie
Page titre de L’Italiana in Algeri, version piano, édition B. Schott. nd.
Musique de Gioachino Rossini, sur un livret de Angelo Anelli, créée en 1816, Venise, Teatro San Benedetto.
Isabella, une Italienne partie à la recherche de son amoureux Lindoro capturé par les pirates, devient l’esclave de Mustafà, bey d’Alger, ravi d’avoir sous sa coupe une Italienne, car il s’ennuie de son épouse Elvira. Mais Isabella décide de mener son maître par le bout du nez, en feignant de l’aimer sans pour autant laisser qu’il la touche. Ayant retrouvé son Lindoro chez Mustafà, les deux amoureux partiront malgré les intrigues jalouses de Taddeo. Mustafà devra donc se contenter de son épouse.
L’étranger, le personnage exotique est ici directement l’objet de moqueries (très proches d’ailleurs du modèle moliéresque dans Le bourgeois gentilhomme). Le public sait que le couple mixte n’a pas lieu d’être et que jamais il n’y aura de sexe entre l’Italienne et l’algérien. Car c’est bien de sexe qu’il s’agît : Mustafà en veut, Isabella en promet sans jamais en donner.
Conception des costumes pour Cora Canne Meijer dans le rôle d'Isabella dans L'Italiana in Algeri (Gioacchino Rossini) par Jan Schlubach, 1959.
Mais l’aplomb et la ruse de l’Italienne (Ah, grande valeur dans l’opéra italien, la ruse des femmes ! De La serva padrona de Pergolesi au Falstaff de Verdi, en passant par Don Pasquale de Donizetti ou Le barbier de Séville de Rossini, les Italiens adorent en parler) remplacent ici les plaintes et les menaces de l’autrichienne Constanze dans L’enlèvement au sérail de Mozart trente ans auparavant.
Gioachino Rossini, L’Italiana in Algeri, « hi ! che muso, che figura ! » Isabella (Cecilia Bartoli), Mustafà (Ildar Abdrazakov), Taddeo (Alessandro Corbelli), Haly (José Coca Loza), Philharmonia Chor Wien, Ensemble Matheus, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi, août 2018, Haus für Mozart Haus für Mozart in Salzburg.C’est prétexte à proclamer la supériorité des Italiens sur tous les autres peuples (ce qui devait grandement réjouir le public italien, destinataire de tous les opéras de Rossini à cette période). C’est surtout prétexte à des numéros comiques (plus comiques encore parce que le sexe en est l’enjeu, comme dans les vaudevilles français), numéros que la musique espiègle de Rossini rend irrésistibles.
Frédéric Léolla
14 mars 2025
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Mardi 18 Mars, 2025 21:33