Troupe de théâtre jouant « Maria de la O », s.l, s.n., 1940.
Maria La O, Musique d'Ernesto Lecuona, sur un livret de Gustavo Sánchez Galarraga, créée en 1930, La Havane, Teatro Payret.
Cecilia Valdes, Musique de Cecilia Valde, sur un livret d'Agustín Rodríguez et José Sánchez-Arcilla y García, d’après le roman éponyme de Cirilo Villaverde, créée en 1932, La Havane, Teatro Martí.
Les deux zarzuelas cubaines qui jouissent de plus de renommée hors de leurs frontières natales, Cecilia Valdes et Maria la O, tournent autour du même sujet : la très jolie, mais imprudente mulâtresse qui couche avec un blanc en croyant à ses promesses de mariage. Bien évidemment il ne les honore pas et les deux zarzuelas finissent mal. Ou pas bien. Dans les deux cas, les compositeurs ont l’occasion de puiser dans le folklore local pour notre plus grand plaisir. Rythmes entraînants et mélodies savoureuses. C’est chaud et sensuel. Très. Et dans le cas des duos d’amour entre blanc et mulâtresse, passionné. Quant aux respectives rivales blanches et de bonne famille, l’une chante des petites mélodies sages et ternes, l’autre ne chante même pas.
Ernesto Lecuona, Maria La O, « Mulata infeliz, tu vida acabó... », Ana María Martínez, Mozarteum Orchester Salzburg, sous la direction de Jesús López Cobos.Rita Montaner et Miguel de Grandy dans la production de 1935 de Cecilia Valdés.
Couverture des partitions pour la première de Cecilia Valdés au Teatro Martí.
Exaltations de la « négritude » cubaine, les fins tristes n’enlèvent rien à la joie de vivre et d’aimer qui flotte dans les partitions. À noter que ces deux zarzuelas peu connues hors du monde latino sont contemporaines du oh combien plus connu Porgy and Bess (Gershwin/Heyward, Heyward et Gershwin), autre exaltation de la négritude qui puise dans le folklore. Mais si Porgy and Bess de par sa fin pleine d’espoir semble à première vue moins moralisante que ses sœurs cubaines, c’est peut-être aussi parce qu’elle n’enfreint à aucun moment le tabou inter ethnique, reflet sans doute d’une certaine forme de puritanisme des É.U.A. qui est beaucoup moins présent aux Caraïbes. Dans tous les cas, c’est à se demander si le mythe sexuel de la mulâtresse a contribué au succès de ces deux zarzuelas ou si ce sont ces deux zarzuelas qui ont contribué à fonder le mythe de la mulâtresse. Affaire à suivre.
Frédéric Léolla
7 avril 2025
[suite] [sexe et opéra : index]
À propos - contact |
S'abonner au bulletin
| Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale| Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil. ☎ 06 06 61 73 41.
ISNN 2269-9910.
Lundi 7 Avril, 2025 0:17