François Chesnel, Yoni Zelnik, David Georgelet, Thierry Lhiver en répétition. Photographie © Jean-Paul Sibbille.
Gil Evans a marqué l’histoire des big bands jazz tout comme Duke Ellington ou Carla Bley. Il a participé au Birth of the Cool de Miles Davis, puis fait encore trois chefs-d’œuvre avec lui, Miles Ahead, Porgy and Bess et Sketches of Spain. The Individualism of Gil Evans paraît en 1964 synthétisant toutes ses recherches de pianiste, compositeur et arrangeur. Il va ensuite évoluer comme son complice trompettiste vers le rock et l’improvisation plus libre, projetant même de travailler avec Jimi Hendrix peu de temps avant le décès de ce dernier. Il lui fera un album d’hommage en 1975, en reprenant ses thèmes. Dont Little Wings qu’il arrangera aussi pour Sting en 1985. C’est Hiram Bullock, dans mon souvenir, qui la reprendra à la guitare et au chant en mai 1988 à Coutances, avec le big band, mais sans Gil Evans, disparu deux mois plus tôt.
Le projet du quartet au conservatoire ce mardi n’est pas une lecture totalement intégrale, mais un hommage sous deux formes, l’une avec les élèves du conservatoire d’Orléans il y a un mois, pour la facette cuivrée, nous explique le batteur, l’autre avec le groupe de base, pour le concert à Caen, dont deux membres, le pianiste François Chesnel et le tromboniste-transcripteur Thierry Lhiver sont tous deux professeurs au conservatoire en classes de jazz. Ils ont souvent joué ensemble d’où le Trombone song, écrit par le premier en remplacement du Flûte Song pour Eric Dolphy. Le pianiste est aussi membre d’un trio avec David Georgelet à la batterie et Yoni Zelnik à la contrebasse. D’où ce quatuor augmenté.
Les titres principaux sont repris, Barbara Song de Kurt Weil, Last Vegas Tango, Time of the Barracuda, Sponfull du bluesman Willie Dixon, Nothing Like You de Bob Dorough, auxquels est ajouté Miles Ahead. Une approche en quartet très cool, avec la part belle donnée au trombone, se dédoublant avec ses sourdines, et au piano passant des grappes d’accords aux solos lyriques. La contrebasse charpente gravement l’ensemble, avec une intro percutante au rappel répétitif et intrigant Zee Zee. La batterie sonne claire, tous les éléments bien détachés, quelque soit le rythme ou le tempo. Et toujours bien en complicité avec les autres. Une relecture stimulante et foisonnante qui ne peut que donner envie de redécouvrir l’univers du maestro.
Un disque est d’ailleurs en projet, peut être à partir du concert de ce soir. Ou d’autres à venir. On l’écoutera avec grand plaisir.
Alain Lambert
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Vendredi 28 Mars, 2025 14:34