Paris, Auditorium de la Fondation Vuitton, 13 avril 2025 —— Alfred Caron.
Concert hommage à David Hockney, le 13 avril 2025 à la fondation Louis Vuitton, Paris, Nicky Spence, Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy. Photographie © Fondation Louis Vuitton / Gaël Cornier.
En écho à sa grande exposition consacrée à David Hockney1, la Fondation Louis Vuitton proposait deux concerts évoquant la place de la musique dans l’œuvre du peintre. On le sait, David Hockney créa tout au long de sa carrière des décors d’opéra et de ballet et il voue une passion à Wagner auquel était largement consacré le programme du premier concert.
Le second réunissait autour de deux jeunes pianistes russes, Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy, la soprano Elena Stikhina et le ténor Nicky Spence pour évoquer David Hockney scénographe. Il commençait donc par une brillante transcription pour deux pianos de l’ouverture La Flûte enchantée qui pose d’emblée le tempérament virtuose éblouissant des deux pianistes. Quelques extraits du Rake’s Progress de Stravinsky montrent les limites de la transcription, car dans cette œuvre « néo-classique » aux harmonies si particulières, le soutien de l’orchestre paraît indispensable aux voix. Nicky Spence, peu en voix et Elena Stkhina, voix beaucoup trop large pour Ann Trulove, ne convainquent guère seulement soutenus le piano. En revanche, le premier se révèle dans les très rares « Cabaret Songs » de Britten, quatre chansons sur des textes W. H. Auden des années américaines du compositeur (1937-39). Écrite originellement pour mezzo, Nicky Spence en donne une interprétation pleine de saveur, jouant sur une tonalité résolument « queer », et assumant ainsi de façon très sympathique l’homosexualité du compositeur et celle du peintre, très présente dans la période américaine de son œuvre.
Concert hommage à David Hockney, le 13 avril 2025 à la fondation Louis Vuitton, Paris, Pavel Kolesnikov, Samson Tsoy, Colin Currie et Owen Gunnell. Photographie © Fondation Louis Vuitton / Gaël Cornier.
En seconde partie, les deux virtuoses russes sont rejoints par un duo de percussionnistes hors pair, Colin Currie et Owen Gunnell, pour deux transcriptions remarquablement poétiques de Ma Mère l’Oye et de la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel où la capacité d’évocation, le raffinement du jeu instrumental des uns et des autres sont proprement enchanteurs. Entre les deux pièces, les pianistes s’attaquent au kaléidoscope de Parade d’Erik Satie dans une version pour piano à quatre mains qui, si elle met en valeur leur complicité et leur virtuosité, laissent un peu froid après le petit miracle ravélien. En conclusion les deux percussionnistes offrent un bis classique, la Clapping Music de Steve Reich. Peut-être est-il incongru, mais nécessaire de rappeler que le peintre lui-même est sourd depuis 1979 ce qui, curieusement, est très sensible dans ses œuvres joyeusement colorées et parfaitement pacifiées depuis ces 25 dernières années auxquelles est essentiellement consacrée l’exposition de la Fondation.
Alfred Caron
13 avril 23025
© musicologie.org
1. David Hockney 25 (jusqu’au 31 août 2025).
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