Né à La Haye en Touraine (aujourd'hui, Descartes). Son père Joachim est conseiller au Parlement de Rennes.
En 1606, il étudie au collège royal de La Flèche. Il quitte La Flèche en 1614.
En 1616, il obtient son baccalauréat et sa licence en droit à Poitiers et s'engage, en 1618, dans l'armée de Maurice de Nassau en Hollande.
Il rencontre le mathématicien Isaac Beeckman (1588-1637) et rédige à sa demande un Traité de musique, mais ne désire pas le publier. Cet ouvrage sera édité après la mort du philosophe en 1650, traduit en anglais en 1653, en français en 1668.
En 1619, il rejoint les troupes du duc Maximilien de Bavière au Danemark, puis en Allemagne, ou se passe le célèbre « épisode du poêle d'Ulm ».
Il abandonne la carrière militaire en 1620, regagne la France via la Hollande. Il hérite d'une bonne fortune et voyage jusqu'en 1625.
Il approche le monde scientifique parisien (autour de Mersenne). En 1627, il rencontre le cardinal de Bérulle qui l'engage à philosopher. En 1628, il est en Bretagne.
Il s'installe définitivement en Hollande en 1629. Il rédige ses Règles pour la direction de l'esprit.
Il change souvent de résidence : Franeker, Amsterdam, Leyde, Deventer, Sandport, Hardenwijk, Endegeest, Egmond de Hoef.
Il étudie les météores. Publie en 1631, ses principes de la géométrie analytique, en 1633, il rédige son Traité du monde ou de la lumière, dans lequel il défend l'idée du mouvement terrestre. Après la condamnation de Galilée, il renonce à l'édition de son ouvrage.
Puis suivent plusieurs ouvrages : en 1644, Principes de la philosophie, en 1637, le Discours de la méthode, suivi de la Dioptrique, des Météores, de la Géométrie.
De 1637 à 1641, il est à Santpoor et en 1641 au château d'Endegeest.
Il écrit ses Meditationes de prima philosophia (Méditations métaphysiques), suivies des six séries d'objections rassemblées par Mersenne, auxquelles il apporte ses réponses.
Il est contesté par le théologien hollandais Voetius (Gilbert Voet), qui obtient un arrêt du conseil de la ville de Leyde contre lui.
En 1643, il rédige l'Epistola Renati Descartes ad celeberrimum virum Gisbertum Voetium ( Lettre de René Descartes au très célèbre Gilbert Voet) et les Notae in programma (remarques sur un placard), contre son disciple Regius, puis les Principia philosophiae (Principes de la philosophie).
En 1647 paraît la Lettre aux curateurs de l'université de Leyde contre de nouvelles attaques de Revius et de Triglandius.
Le prince d'Orange intervient en sa faveur de Descartes.
Entre 1647 et 1648, il est à Paris, où il rencontre Roberval, Hobbes, Gassendi, Blaise Pascal.
En 1649, il écrit Les Passions de l'âme, suite à sa correspondance avec la princesse de Bohême.
Il séjourne par la suite à Stockholm, dans l'entourage de la reine Christine.
Sauf indication contraire, les passages suivants sont extraits du « compendium » (Charles Angot, Paris, 1668), la pagination est indiquée entre crochets.
Sa fin (la musique) est de plaire et d'exciter en nous diverses passions, car il est certain qu'on peut composer des airs, qui seront tout ensemble tristes et agréables: Et il ne faut pas trouver étrange que la musique soit capable de si différents effets, puisque les élégies mesme, et les tragédies nous plaisent d'autant plus, que plus elles excitent en nous de la compassion et de douleur et qu'elles nous touchent d'avantage [53]
Pour qui regarde les différentes passions que la musique excite en nous, par la seule variété des mesures, je dis en général qu'une mesure lente produit en nous des passions lentes telles que peuvent être la langueur, la tristesse, la crainte et l'orgueil etc.. Et que la mesure prompte au contraire fait naître des passions promptes et plus vives, comme la gaieté, la joie etc. (..) Mais une recherche plus exacte de cette matière, suppose aussi une connaissance plus profonde des passions de l'âme humaine, ainsi je n'en dirai pas d'avantage [58]
L'unisson n'est pas une consonance. Il a le même rapport aux consonances que l'unité aux nombres. Des deux termes qu'on suppose dans la consonance, celuy qui est le plus grave domine bien d'avantage, et contient l'autre en quelque façon [59]
5 à 8 est une consonance. On entend le 8 et sa moitié contenus dans le 5. Cela ne marche pas de 5 à 7. [Lettre à Mersenne, juin 1632. Correspondance du Père Marin Mersenne (3), CNRS, Paris 1969 (1946)]
Sur le luth, une corde fait résonner l'octave et la quinte Or, celles qui sont plus basses n'en font pas de même, du moins n'observe-t-on pas qu'elles remuent en aucune façon.
Tous les aigus sont contenus dans le grave, mais non pas réciproquement, tous les graves dans celui des aigus. [60]
Le plus aigu découle de la division du plus grave. cette division doit être arythmétique, c'est à dire en parties égales.
page 61.
La première des consonances est l'octave. C'est elle qui diffère le moins de l'unisson.
De toutes ces choses, il s'ensuit que toutes les consonances se doivent réduire à trois espèces ; La première est simple, l'autre est composée d'une simple et d'une octave, et la troisième d'une simple et de deux octaves. Et on n'ajoute pas à ces trois une autre espèce de consonance qui soit composée d'une simple et de trois octaves, d'autant que ce sont les bornes où notre faculté peut aller, qui ne peut s'étendre au-delà de trois octaves. Parce qu'alors le nombre des proportions se multiplierait trop [60-62].
Voici le plus agréable et le plus beau des accords.. Elle ne frappe pas les oreilles si aigrement que le diton tierce majeure, ni si mollement que le diapason octave.
Il y a trois sortes de quintes entre lesquelles la douzième tient le milieu. C'est la plus parfaite.
On chante à l'octave parallèle, pas à la quinte. Dans ce cas l'octave revient à l'unisson, elle se fait entendre comme une seule voix. Ce qui n'arrive pas à la quinte.
Cette consonance est la plus malheureuse de toutes, et jamais on la fait entrer dans la musique, si ce n'est par accident, et avec l'appui des autres, non qu'elle soit plus imparfaite que la tierce mineure ou que la sexte mineure: Mais parce qu'elle approche si fort la quinte, qu'elle perd toute sa grâce en comparaison d'elle. La quarte est ombre de la quinte et se fait entendre par elle. La quarte ne se met pas entre la basse et une autre partie [68]
Plus parfait que la quarte.
Engendrée par diton, comme la quarte l'est de la quinte. Moins parfaite que la quarte, mais varie la quinte.
Procède du diton, en suit la nature et les propriétés.
Dérivée de la tierce mineure [69].
Ils sont nécessaires à la musique pour deux raisons :
1- Pour passer d'un accord à un autre. Ce qui serait difficile avec le moyen des seuls accords; du moins avec cette variété qui rend la musique si agréable.
2- Pour diviser en certains intervalles l'espace que le son occupe et embrasse, afin que par ce moyen, la voix passe des uns aux autres plus commodément. Il y a quatre espèces de degrés qui engendrent l'inégalité entre les accords, qui diffèrent entre eux de: 1/9; 1/10; 1/16; 1/25e d'octave [73]
On pourrait opposer que ces six voix, ut, ré, mi, fa, sol, la sont superflues, et que quatre seraient suffisantes n'y ayant que trois intervalles diffèrents, et je ne sais pas en effet, qu'on ne put chanter la musique en cette manière [82]
p. 82.
Il y a trois sortes de dissonances qui naissent des degrés seuls ou de l'octave ou de la différence, ton majeur et ton mineur : Schisme; ton majeur et demi ton majeur :
1- Septième et neuvième : Neuvième très grande 4/9, Neuvième majeure 9/10, Neuvième mineure 15/32,
Septième majeure 2/15, Septième mineure 5/9, Septième très petite 9/15
2- Tierce mineure et quinte moins un chiffre
3- Quinte et sexte majeure plus un chiffre. Les dissonances paraissent d'autant plus rudes quand elles ont des quintes voisines, avec lesquelles l'oreille, les comparant, on s'aperçoit plus aisément de leur imperfection [79]
Faire entendre simultanément les consonances contre la basse, sauf la quarte - Chaque voix doit procéder par degrés ou accords - Pas de triton, même en relation - Commencer par les accords les plus parfaits - Deux octaves ou deux quintes ne doivent pas se suivre. (parce que ce sont les accords les plus parfaits et que l'oreille en les entendant est entièrement satisfaite)
Et si tout aussitôt quelqu'autre accord n'en renouvelle pas l'attention, elle se trouve si occupée de la perfection du précédent, qu'elle s'attache peu à considérer la diversité, et pour ainsi dire la symphonie froide et peu touchante de cette musique. Ce qui n'arrive pas dans les tierces et autres accords: Au contraire, lorsqu'on les réitère, l'attention se fortifie, et le goût s'augmente, qui nous tient en suspens, attendant un accord plus parfait.
Mouvements contraires : pour plus de diversité. Plus souvent par degrés que par sauts.
Pour aller d'une consonance moins parfaite à une consonance plus parfaite, il faut choisir la plus proche.
On doit tellement contenter l'oreille à la fin de la pièce, qu'elle ne s'attende plus à rien et qu'elle perçoive que la chanson est finie. Il faut toujours finir par des accords parfaits, ce qu'on appelle vulgairement les cadences [91].
Diminution par mouvement oblique et parsyncope.
On se sert de ces syncopes dans les cadences, parce qu'on goûte mieux ce qu'on a désiré long-temps. Ainsi le son se repose et s'arrête plus doucement dans un accord parfait, ou un unisson, lorsque quelque dissonance le précède: Les degrés mêmes doivent être mis entre les dissonances. Car ce qui n'est point un accord passe ici pour une dissonance. [94]
Mais pour ce qui regarde ces contrepoints, ou autres figures, dans lesquelles on observe un semblable artifice, depuis le commencement jusqu'à la fin, il n'appartiennent pas autrement à la musique, que les accrostiches ou vers rétrogrades, et autres semblables jeux de l'esprit sont à la poésie; qui, comme notre musique, a été inventée pour nous recréer l'esprit et exciter en l'âme diverses passions.
Ils viennent de ce que l'octave n'est pas divisée en degrés égaux, car tantôt le ton, tantôt le demi-ton s'y rencontrent. Il y a sept modes, ou manières différentes, dans deux manières par la quinte: Dans deux cas on rencontre le triton au lieu de la quinte, ce qui entraine qu'il n'y a que douze modes utilisables. [96].
En ce XVIIe siècle, un groupe de savants, parmi lesquels Fermat, Huygens, Gassendi, Galilée, Mersenne, révisent le savoir du passé à la lumière de leurs propres expériences. Ainsi, Beechman, pour lequel le traité est écrit, affirme la matérialité du son et entreprend des travaux d'acoustique sur la relation du son et de la longueur des cordes. Mais il s'agit d'un sédiment supplémentaire, pas d'une rupture.
Pour la musique des anciens, je croy qu'elle a eu quelque chose de plus puissant que la nostre, non pour ce qu'ilz estaient plus sçavants, mais qu'ilz l'étaient moins: D'où vient que ceux qui avaient un grand naturel pour la musique, n'éstaient pas assujetis dans les règles de notre diatonique, faisaient plus par la seule force de l'imagination que ne peuvent le faire ceux qui corromptent cette force par la connaissance théorique. De plus les oreilles des auditeurs n'estant pas accoustumées à une musique si réglée, comme les nostres, estaient beaucoup plus aysées à surprendre. » [Lettre à Mersenne. Correspondance du Père Mersenne. Tome 2. Paris, 1937]
La musique est faite pour exciter les passions, mais cela n'est plus en rapport avec l'ethos de modes. Ce caractère propre à exciter les passions n'est pas une dimension de la musique elle-même, mais un jeu de compositeur qui fait succéder des effets musicaux contrastés. C'est la nature de l'âme qu'il faut mieux connaître pour comprendre ce phénomène. Il n'assigne pas les consonances et les dissonances à des catégorie de dur ou de doux, mais il en fait des éléments de jeu. Il va jusqu'à affirmer que les meilleures consonances ne sont pas les plus agréables. (la quarte.)
. Je ne connais point de qualitez aux consonances qui répondent aux passions.. Vous m'empeschez autant de me demander de combien une consonance est plus agréable qu'une autre, que si vous me demandiez de combien les fruits me sont plus agréables à manger que les fèves. [Lettre à Mersenne, 1630. Correspondance du Père Mersenne, tome 2, Paris, 1937. Page 406]
Tout ce que vos musiciens disent que les dissonances sont agréables, c'est comme qui dirait que les olives, quoyqu'elles aient de l'amertume, sont quelquefois plus agréables au goùt que le sucre, ainsi que je croy vous avoi déjé mandé: Ce qui n'empesche pas que la musique n'ait ses démonstrations très assurées. [Lettre à Mersenne, octobre/novembre 1631. Correspondance du Père Mersenne, tome 3. Paris, 1969 (1946)]
Ce qui rend le passage d'une consonance à une autre agréable, n'est pas que les relations soient seulement consonantes, car cela ne se peut; Mesme quand il se pourrait, il ne serait pas agréable. D'autant que cela oterait toute diversité à la musique. Et d'ailleurs, touchant les fausses relations il ne faut presque considerer que la fausse quinte et le triton, car les neuvième et septième se rencontrent presque toujours lorsqu'une partie va par degrés conjoints. Mais ce qui empêche qu'on ne peut aller de la tierce à l'octave est à cause que l'octave est une des consonances parfaites, lesquelles sont entendues de l'oreille, lorsqu'elle entend les imparfaites; mais lorsqu'elle entend les tierces, elle attend la consonance qui lui est la plus proche, à savoir la quinte ou l'unisson, de sorte que si l'octave survient au lieu, cela la trompe et ne la satisfait pas. Mais il est bien permis de passer de tierce à une autre imparfaite, car encore que l'oreille n'y trouve pas ce qu'elle attend pour y arrester son attention, elle y trouve cependant quelqu'autre variété qui la recrée, ce qu'elle ne trouverait pas en une consonance parfaite comme est l'octave. [Lettre au Père Marin Mersenne, Août 1629. Correspondance du Père Marin Mersenne, tome 2. Gabriel Beauchesne et fils. Paris, 1937, Page 251]
Pour ce qui concerne la mesure, il avance une idée assez neuve. À partir du moment où l'on prend une unité de battue, on peut former des mesures à 5 ou 7 temps. La mesure est constituée de la répétition des temps forts. Pour la division de l'octave, il adopte un principe, celui des rapports simples, qui ne disparaîtra que vers la fin du xixe siècle.
Renati Descartes musicae compendium (écrit en 1618, 9 éditions anciennes, 230 exemplaires conservés).
Correspondance
Études musicales
Études biographiques, philosophiques, mathématiques
References for René Descartes, dans « MacTutor History of Mathematics » :
https://www-history.mcs.st-and.ac.uk/Printref/Descartes.html.
Jean-Marc Warszawski
Novembre 1995-2002
Révision, remise en page et relocalisation, 15 février 2011
Refonte du miroir de page 7 juillet 2016
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Mercredi 8 Mai, 2024