Jean-Sébastien Bach, Intégrale des sonates
pour flûte et clavecin. Gabriel Fumet (flûte), Richard Siegel (clavecin). Disques Musique et Esprit,
2010 (1992).
Après avoir consacré beaucoup de temps à faire jouer, éditer et enregistrer les musiques de son grand-père Dynam Victor Fumet (1867-1949) et de son père Raphaël Fumet (1898-1979), Gabriel Fumet a la bonne idée de rééditer sous le label Musique et Esprit, les sept sonates pour flûte et clavecin de Jean-Sébastien Bach, qu'il a enregistrées en 1991 (BNL 112806) , avec le claveciniste Richard Siegel.
Gabriel Fumet, avec l'orchestre de Jean-François Paillard, Maurice André, Jean-Pierre Rampal, Pierre Pierlot, ou Jean-Louis Petit, fait partie des pionniers dans la vulgarisation de la musique ancienne.
C'était, dès les années 1950, bien avant que les musiciens posent la question de l'adéquation entre musique, instruments et manière de jouer. On a fini par se demander comment pouvait sonner cette musique sur les instruments de son époque, et de là, comment on pouvait l'interpréter.
Cela a pu prêter à sourire, parce que l'engouement contagieux a attiré les musiciens dilettantes qui sonnaient ancien faute de pouvoir bien jouer. D'un autre côté les peaux de mouton et les sandales à la hippie, à la soixante-huitarde, la provocation de franc-tireur un peu rustre, froissaient quelque peu l'ordonnancement du salon de musique bourgeois, aboutissement, pouvait-on penser, d'une histoire délicate pour gens de goût (donc nantis, NDR). Il y avait donc aussi de la politique entre les notes.
Aujourd'hui, la révolution est faite. Les baroqueux n'ont certes pas reconstruit le son du passé, mais avec leurs collègues de la contemporaine (petits ensembles dits « ensembles modernes », ou les ensembles de solistes), ils ont aboli la dictature du son, de l'instrument, du jeu romantiques. Ils ont enrichi la palette sonore et instrumentale de manière cohérente, diversifié le maintien et les techniques de jeu aux instruments et au chant.
Au bout du compte, il n'est en fin de compte que question d'interprétation. Gabriel Fumet, dit entendre les réflexions sur la musique ancienne, mais il tient, comme Jean-Pierre Rampal y tenait, à sa flûte en argent. Ironie du sort, dans la victoire musicale des tenants du son ancien, et le politiquement correct instauré, c'est la flûte en argent de Gabriel Fumet qui est aujourd'hui comme une provocation.
Au regard des qualités virtuoses et musicales d'un Gabriel Fumet et d'un Richard Siegel, cela vaut qu'on y arrête l'oreille.
majeur, BWV 1031 (12. Allegro moderato ; 13. Siciliano ; 14. Allegro)Biographie de Jean-Sébastien Bach
Jean-Marc Warszawski
2 février 2011
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