Philharmonie de Nice. Contes. Photographie © Audrey Bollaro.
Contes, Vallée du Paillon dans le Haut Pays niçois. Les arènes du théâtre de verdure étaient combles pour entendre, mardi 22 juillet, l'orchestre philharmonique de Nice invité conjointement par le Comité des fêtes de la ville et le Conseil général des Alpes-Maritimes dans le cadre du « Festival Païoun Ven Contes » (Le Festival du Paillon vient à Contes). Au programme : l'ouverture de Les ruines d'Athènes, opus 113, de Ludwig van Beethoven, le Concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo et la symphonie no 4 en la majeur « Italienne », opus 90 de Félix Mendelssohn.
Œuvre de circonstance composée en 1811 pour l'inauguration d'un théâtre à Pest, à l'époque située dans l'Empire austro-hongrois, Les Ruines d'Athènes débutent par cette ouverture en sol mineur, interprétée par la phalange niçoise sous la direction de Frédéric Deloche. Après l'impulsion initiale des contrebasses égrenant dans les premières mesures du mouvement Andante con moto, des notes mystérieuses, une marche moderato rythme sur un thème lancinant les pupitres de cordes avant, dans un troisième mouvement Allegro ma non troppo, de réunir l'orchestre en réponse aux sollicitations dynamiques du maestro.
Après une courte pause, le Concerto d'Aranjuez pour guitare et orchestre, le plus célèbre des cinq concertos de Joaquin Rodrigo composé lors de son séjour parisien en 1939 et joué pour la première fois à Barcelone en novembre 1940, transporte l'auditeur, dès les rythmes cadencés du premier mouvement Allegro con spirito, dans les jardins du Palacio Real de Aranjuez, inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, et dont la pièce tire son identité. C'est surtout dans le second mouvement Adagio, plus connu du public, que le soliste Laurent Blanquart, lauréat à 19 ans du Premier Prix du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, nous offre une incontestable démonstration de sa virtuosité inspirée, intense, grave par moments. Ce magnifique dialogue lent entre l'orchestre philharmonique et le concertiste, par ailleurs professeur depuis 2005 au CNSMD de Paris et responsable de la classe de guitare du Conservatoire à rayonnement régional de Nice, est « divinement » ponctué par l'intervention synchrone d'une cloche d'église. Avant de conclure par un Allegro gentile suscitant une ovation enthousiaste des Contois. Laurent Blanquart n'aura d'autre option que celle de proposer un « bis » encore plus fameux et plus exigeant pour le doigté : Asturias du pianiste Isaac Albéniz (1892) mêle sonorités andalouses dans un rapport exclusif, presque jaloux à l'instrument. Jeu impressionnant de l'interprète alternant une virilité fougueuse avec une élégance toute aristocratique.
¿Philharmonie de Nice. Contes. Photographie © Audrey Bollaro.
Enfin, en harmonie avec la douceur de cette soirée méditerranéenne, la symphonie no 4 en la majeur, opus 90, de Félix Mendelssohn signe l'escale italienne du compositeur en 1830. Plus attentif au rythme qu'aux accentuations personnalisées, le chef Frédéric Deloche impose une direction exigeante, rigoureuse, précise, efficacement reçue par la formation orchestrale. Dans l'Allegro vivace, nous entendons par moments d'étonnantes réminiscences beethovéniennes de l'Allegretto de la 7e symphonie composée une quinzaine d'années plus tôt. Œuvre enjouée, brillante, cette « Italienne » de Mendelssohn invite le public, par son quatrième mouvement Saltarello, à partager cette énergie, cette joie de vivre qui a valu à l'orchestre une ovation debout. Et le maire de la ville Francis Tujague, de confirmer à l'issue de la performance, la signature imminente avec le Conservatoire de Nice, d'une convention destinée à organiser, dans la nouvelle salle des spectacles et ce, dès l'hiver prochain, la réception des jeunes et futurs talents de la région.
Nice, le 23 juillet 2014
Jean-Luc Vannier
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Mardi 27 Février, 2024