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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : Un parcours découverteIII. Le temps de Bach : France - Italie - Allemagne - Autres nations.

La musique instrumentale de Johann Joachim Quantz (1697-1773)

Avouons-le : après Bach, Haendel et Telemann, on a quelque mal à prendre en considération des musiciens qui pourtant, en leur temps, jouirent d'une réputation enviable, et souvent largement justifiée, dans cette Allemagne extrèmement morcelée où chaque cour princière, chaque ville digne de ce nom, entendait s'attacher les services des meilleurs. Outre Fischer et Weiss, nous en citerons six qui, à défaut d'être habités par le génie, brillèrent d'un éclat particulier, le plus souvent dans une mouvance artistique qu'on est tenté de qualifier de « telemannienne ». Ces musiques sont en effet particulièrement riches en couleurs, ce qui fait dire que, décidément, ce baroque allemand fut un vrai paradis pour les souffleurs de tout poil, à la flûte, au hautbois, au chalumeau, au basson comme au cor. Elles se signalent aussi, très largement, par un entrain et une énergie qui en font des œuvres plus pétillantes que profondes, d'un baroquisme étincelant, parfois à la limite de la frénésie instrumentale. Il est vrai qu'une part non négligeable de ce répertoire s'adressait à une formation d'exception, le fameux orchestre de Dresde, qui eut par ailleurs quelques grands « fournisseurs » étrangers comme Vivaldi et Veracini, une formation dont il n'était surtout pas question de sous-estimer les super-solistes.

Johann Joachim Quantz (1697-1773) fut l'Emmanuel Pahud de la chapelle de Dresde ;  Frédéric II, alors prince héritier, l'engagea comme professeur de flûte, puis, devenu roi en 1740, l'appela comme musicien de chambre et compositeur de la cour ; on lui doit un très précieux traité sur l'art de la flûte, et une quantité impressionnante de partitions, presque toutes composées pour son instrument. Un instrument auquel il n'était venu en fait que tardivement, après avoir multiplié les expériences et les voyages, avec à la clé — entre autres séjours à l'étranger — l'inévitable détour par l'Italie. Dans ses quelque trois cents concertos, deux cents sonates pour flûte et basse continue, soixante sonates en trio et autres duos, quatuors ou fantaisies, on n'échappe pas à une impression de relative uniformité, même si, de temps à autre, certaines pages surprennent par leur majesté ou par l'émotion qui s'en dégage. On sera cependant séduit, à condition de ne pas y chercher d'immortels chefs-d'œuvre, par ces structures équilibrées et ces mélodies radieuses dans lesquelles on ne peut s'empêcher de voir une transition entre le baroque et le style classique.

Concerto pour flûte no 161 en sol majeur, Johannes Walter (flûte), Dresden Chamber Soloist, Allegro, Arioso MestoPresto.
Concerto en sol mineur pour 2 flûtes (Allegro)
Concerto a 10 no 4 en sol majeur, pour 2 flûtes, 2 hautbois, violon et cordes, Musica ad Rhenum (Jed Wentz).

Biographie de Johann Joachim Quantz


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Samedi 27 Janvier, 2024