Le terme polyphonie désigne, en musique, l'écriture en plusieurs voix simultanées, ayant chacune une dynamique propre (plusieurs mélodies ensemble). On peut opposer la polyphonie à la monodie, qui est le chant d'une seule voix, ou à la mélodie ou monodie accompagnée, qui est une voix (une mélodie) accompagnée par des blocs harmoniques (accords).
L'idée répandue que la polyphonie serait un art horizontal et la mélodie accompagnée un art vertical est fausse. Dans les deux cas, la musique est harmonisée et chantante dans ses voix. Il s'agit avant tout d'une hiérarchie dans l'exposition du chant.
Dans la polyphonie toutes les voix assurent à la fois le chant et la texture harmonique, alors que dans la mélodie accompagnée (souvent improprement appelée musique harmonique), les fonctions sont dissociées dans leur conception, mais harmonie (accords) et mélodie doivenet toutefois être compatibles entre elles.
Historiquement la polyphonie savante se place entre le plain-chant et la monodie accompagnée. On peut y voir une symbolisation de la vision du monde que pouvaient avoir les milieux chantants.
Le plain-chant des moines, chant uni (plain, plan, plat) d'un chœur ne faisant qu'une voix, le troupeau uni et humble de Dieu.
La polyphonie, ensemble et croisements de destins particuliers, dont l'harmonie quelque peu hasardeuse est due à une volonté supérieure dont on ignore en grande partie le plan.
La mélodie accompagnée, d'un monde plus maîtrisé par les hommes, avec un chant unique et un accompagnement servile. La musique de la domination et de la soumission au maître, prince ou Dieu.
La polyphonie savante apparaît au XIIe siècle, avec les motets, organums, conduits, elle connaît son apogée avec l'art du contrepoint de Johann Sebastian Bach.
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