Anton Reicha, Quatuors. Quatuor Ardéo (Olivia Hugues, Carole Petitdemange, Léa Boesch, Joëlle Martinez), L'Empreinte digitale 2014 [ED 13240]
Le quatuor Ardeo, cent pour cent féminin, formé au début des années 2000 par des élèves du Conservatoire national supérieur de Paris fait aujourd'hui partie de la crème chambriste aux côtés, entre autres, d'ensembles tels que les quatuors Béla ou Diotima. Certes Mi-Sa Yang,qui nous avait émerveillé voici quelques années à Musique de chambre à Giverny est ici remplacée par Olivia Hugues, et l'altiste Noriko Inoue (Orchestre national de France), par Léa Boesch.Ce n'est donc pas la formation qui nous avait tant séduit lors de sa résidence à la Fondation Singer, mais Ardeo reste une très bonne raison de poser ce cédé sur sa platine.
La seconde raison est Anton Reicha, dont la renommée de théoricien et de pédagogue hors pair (les plus grands sont passés par sa classe du Conservatoire national de Paris), éclipse presque totalement les talents de compositeur. Né à Prague, flûtiste et violoniste à la cour de Cologne et de Bonn où il est condisciple de Beethoven, il s'installe à Hambourg, tente sans succès sa chance à Paris, séjourne à Vienne, puis se fixe définitivement à Paris.
On trouvera beaucoup d'influences à sa musique, autant qu'on en voudra, bien entendu l'Italie, la première école de Vienne, Beethoven, les organistes d'Allemagne du nord, mais il est un électron libre qu'on ne peut ranger dans aucun tiroir, exactement comme son contemporain Alexandre Boëly. Surtout pas « romantisme », qui est une faribole de musicographe ou de marchand de disques.
De la belle musique, admirablement défendue. On ne demande rien d'autre à un cédé, bien enregistré, si ce n'est une légère réverbération qui nous crispe un peu après les doubles barres de fin.
En exemple, le magnifique second mouvement adagio de l'opus 90 no 1, un contrepoint tourné vers le passé (là on pourrait parler avec prudence de romantisme), contrastant avec les autres mouvements bien de leur temps, parfois très orchestraux comme il sera pratiqué par l'école pragoise.
1-4. Quatuor opus 49 no 1 en do mineur (Allegro assai ; Adagio, sempre piano e sostenuto ; Menuetto, Allegro, Trio ; Allegro)
5-8. Quatuor opus 90 no 2 en sol majeur, (Andante, Allegro scherzando ; Andante ; Minuetto, Allegro, Trio ; Allegro)
9-12. Quatuor opus 94 no 3, en fa mineur (Lento ; Andante maestoso ; Minuetto, Allegro, Canone, Trio ; Allegro vivace).
Jean-Marc Warszawski
12 février 2015
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