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Paris, 15 décembre 2015, par Frédéric Norac ––

Un Noël latino-américain : Carmina latina Salle Gaveau

Le chœur de chambre de Namur.Le chœur de chambre de Namur. Photographie © D.R.

Le programme de Noël de la Cappella Mediterranea est un programme métissé. Il commence du reste par un hymne à la Vierge en langue quechua, donné sur un mode processionnel, en guise d'entrée pour les solistes et le chœur de chambre de Namur, guidés par le cornet de Rodrigo Calveyra et le tambour de Quito Gato, le brillant guitariste de l'ensemble Clematis. Marchant sur les traces de son maître Gabriel Garrido, l'Argentin Leonardo Garcia Alarcón nous offre une soirée qui fait voisiner compositeurs sud-américains des XVIe  et XVIIe siècles avec des pièces caractéristiques du répertoire sacré ibérique de la fin de la Renaissance : deux Salve Regina à 8 voix de Juan de Araujo et Tomas Luis de Victoria et un Magnificat de Francisco Correa de Araujo. 

Disons-le d'emblée, c'est  dans les pièces d'inspiration populaire1, parfois néanmoins d'écriture savante, comme ces villancicos a double chœur à huit voix, « Vaya de gira » de Juan de Araujo ou « Salga el torillo » de Diego de Salazar, que l'originalité de l'ensemble nous semble s'exprimer avec le plus d'évidence. La poésie symbolique sur laquelle sont écrites ces pièces révèle une mystique aux accents raffinés qu'exalte la beauté mélodique de la musique populaire. Particulièrement touchantes sont les deux berceuses adressées à l'Enfant Jésus, « Desvelado dueno mio » ou « A este sol peregrino » de Tomas de Torrejon y Velasco ou la joyeuse « Bomba » de Mateo Flecha. Servi  par des interprètes d'exception, tout un esprit prend vie — celui bien sûr des missions jésuites,  si bien illustré en son temps par le célèbre film de Roland Joffé — qui mélange la candeur des autochtones à la mystique chrétienne. Enluminées par les timbres suaves des solistes instrumentaux, les pièces vocales se déploient dans toute leur somptuosité et leur ferveur. En conclusion de ce concert qui déchaîne l'enthousiasme du public, Mariana Florez, donnera une chanson d'Ariel Ramirez, le célèbre compositeur de la Missa Criolla, un tube des années 70, et le ténor Emiliano Gonzalez Toro, une autre chanson populaire dont le titre nous a échappé. Deux choristes danseront superbement un fandango plus hispanique que nature, très inattendu sous l'orgue muet de la bonne vieille Salle Gaveau. Une soirée jubilatoire et riche en dépaysement.

Leonardo Garcia Alarcón.Leonardo Garcia Alarcón. Photographie © D.R.

plume Frédéric Norac
15 décembre 2015
norac@musicologie.org
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1. Cette partie du programme peut être retrouvée sur le disque homonyme couplé avec une Missa de batalla et un Salve Regina de Joan Cererols parut sous label Ricercar en 2013.


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