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Verbier, 28 juillet 2016, par Strapontin au Paradis ——

András Schiff joue et dirige le Verbier Festival Chamber Orchestra dans Bach, Haydn, Beethoven

András Schiff àAndrás Schiff à Verbier. Photographie © AlinePaley.

Dans la soirée du 28 juillet, les festivaliers se pressent dans la Salle des Combins à Verbier : le pianiste hongrois András Schiff interprète non seulement les concertos de Bach (en mineur BWV 1052) et de Beethoven (no 5 en mi bémol majeur opus 73), mais il les dirige en même temps le Verbier Festival Chamber Orchestra, ainsi qu'une symphonie de Haydn (no 88 en sol majeur). On raconte que, lors de sa première apparition au Festival l'année dernière, le Hongrois a « bouleversé » le public par sa prestation magistrale. Celui-ci attendait donc avec impatience une autre performance qui serait inévitablement magnifique.

Sur un Bösendorfer, Schiff joue le concerto de Bach avec grande fluidité. La sonorité de ce piano, moins brillant qu'un Steinway, convient bien à ce répertoire. Cette aisance est particulièrement remarquable dans le troisième mouvement, dominé par une véritable « rhétorique » pianistique.

Quant à l'orchestre, même si l'effectif est limité, ses instruments modernes insufflent une grande intensité et une propreté trop collective et nous éprouvons un on-ne-sais-quoi  de sentiment inconfortable. Les phrasés sont beaux, l'ensemble est parfait, la sonorité est claire. Mais il n'y a pas le « bruit » caractéristique de l'orchestre baroque, de ces imperceptibles décalages que créent les cordes en boyau et les archets dont la tension est moindre… En bref, l'interprétation se déroule avec trop de soin « moderne » à notre sens, à nos oreilles qui sont probablement trop habituées aux instruments d'époque et à un tempérament plus inégal.

Ce sentiment est confirmé dans la symphonie de Haydn. La sonorité toujours dense, la façon de mener aux points culminants (notamment dans le mouvement lent et le menuet), et même les tempi (excepté le final)suscitent chez nous quelque désarroi ; nous voudrions entendre une musique plus aérée. On sent certes à travers cette interprétation un travail « à la manière baroque » : des séances consacrées à la construction du son et des nuances spécifiques, pour lesquels un autre chef ne pourra jamais prendre la baguette au pied levé…, mais cette modernité sonore est à vrai dire assez déstabilisante.

En revanche, « L'Empereur » est plus vivace et l'orchestre est largement mieux adapté à cette musique. Le maestro paraît autant occupé à la direction qu'au piano, ces deux activités simultanées semblent provoquer quelquefois de petites imprécisions, dont de légers et fréquents décalages ; pour autant, la partie solo est bien assumée.

Pour terminer la soirée, deux bis : le premier mouvement de la « sonate facile » de Mozart (en ut majeur, K 545) et le premier mouvement du Concerto italien de Bach (BWV 971), nobles et tout simplement beaux.

Stapontin au Paradis
28 juillet 2016

Strapontin au Paradis [sap@musicologie.org]. Ses récents articles : Musique de chambre à Verbier : deux rencontres au sommet Jonas Vitaud au temple de Lourmarin au Festival de La Roque d'Anthéron –— « Concerts de 14 heures 30 » à l'église de Verbier, des outsiders poids lourd.— Tous les articles.

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