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7 juin 2016, par Alain Lambert ——

Christophe Panzani : « Les âmes perdues » en sept duos inspirés

Christophe Panzani

Christophe Panzani, Les âmes perdues (piano duets). jazz&people / Harmonia Mundi 2016 (JPCD816002).

 

Le saxophoniste ténor Christophe Panzani, habitué de toutes sortes de groupes (Carla Bley Big Band, Anne Paceo, Hocus Pocus, The drops, Thiefs, The watershed...) a décidé pour son premier album solo de se contenter de sept duos, enregistrés par lui (voir la vidéo) au domicile de sept pianistes, six en France, plus une en Allemagne qui fait doublement exception à la règle, mais pas à la musique de l'album.

Moins minimaliste que dans le groupe de jazz progressif The Watershed [voir notre chronique] mais sans jamais tomber dans le bavardage, Christophe Panzani est  toujours en équilibre sur le fil du piano. Parfois presque classique, parfois un peu dans la lignée des duos ultimes et magiques de Stan Getz avec Kenny Baron, les morceaux se succèdent comme les chapitres d'un journal de voyage, celui des lieux d'enregistrement et des claviers à forte personnalité, mais aussi celui de la mémoire dans des titres liés à des souvenirs souvent littéraires du compositeur itinérant .

Sisyphe où Édouard Ferlet multiplie les hauts et les bas jusqu'à l'essoufflement du soufflant.

Endless Wars, avec Léonardo Montana, sonne comme un hymne avant la grande évasion.

Die  Grûnen Bohnen, avec Laia Genc, la pianiste de Liaison Tonique, au jeu aquatique.

Le jardin des sentiers qui bifurquent, dont l'ambiance répétitive créée par Dan Tepfer fait aussi penser à l'herbe ensorcelée, en Normandie, la malherbe, quand on tourne en rond  dans un lieu qu'on ne peut quitter. Et qui pourrait être aussi une des fictions à la Borgès.

Traduire Eschyle pour retrouver d'autres âmes perdues dans le lointain passé, c'est le sentier impressionniste emprunté avec Guillaume Poncelet.

Étrangement calme prend, lui, un chemin plus sautillant, au premier abord, que les précédents, sous les doigts de Tony Paeleman, d'où son étrangeté éthérée pour le saxophone.

Le rêve d'Icare est symétrique du cauchemar de Sisyphe quand l'ascension précède la chute. On entend presque, dans les dissonances du piano de Yonathan Avishai les plumes se décoller une à une, et redescendre en tourbillonnant. Mais le souffle du vent est si léger qu'on imagine l'âme d'Icare continuer à s'élever pour se perdre dans l'éblouissement du soleil, loin de son corps noyé et disloqué.

Un cédé étrangement poétique, à paraître le 10 juin. À écouter en live le 1er juillet au Duc des Lombards à Paris (avec Yonathan Avishaï, Laia Genc, Leonardo Montana, Tony Paeleman) et le 22 juillet, aux Arts Fous à Fouras.

Alain Lambert
7 juin 2016

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