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Concert du 30 septembre 2016 à l'Auditorium du Nouveau siècle de Lille, par Strapontin au Paradis

Concert d'ouverture de la saison de l'orchestre national de Lille avec le nouveau directeur musical

Jean-Claude CasadesusJean-Claude Casadesus dirigeant l'ouverture de Benvenuto Cellini de Berlioz. Photographie © Ugo Ponte - ONL.

Jean-Claude Casadesus, « le » chef dont la figure est indissociable de la culture du Nord, à la tête de « son » Orchestre national de Lille, a passé la main au nouveau directeur musical, Alexandre Bloch. Les deux concerts des 29 et 30 septembre, faisant office de cérémonie de passation, étaient à l'image de ces quarante ans au service de la musique : émouvants et titanesques.

En quarante ans, parti de zéro, ou presque, Jean-Claude Casadesus a construit petit à petit ce que l'on connaît aujourd'hui comme l'une des plus merveilleuses phalanges françaises. Son aventure raconté dans les deux ouvrages, l'un, une autobiographie publiée en 1997 (Le plus court chemin d'un cœur à un autre, chez Stock) et l'autre, un long entretien réalisé avec Frédéric Gaussin, La partition d'une vie (chez Écriture, 2012) est parsemé d'accidents et de rebondissements multiples. Le travail, pour ouvrir de nouveaux horizons de la pratique et l'écoute de la musique classique, en allant dans des endroits et milieux peu familiers à ce genre de musique — ce qui a valu le surnom de l'« orchestre le plus mobile de France » —, paraît aujourd'hui quelque peu banal, mais à cette époque, presque personne ne le faisait.

ean-Claude CasadesusJean-Claude Casadesus et Alexandre Bloch. Photographie © Ugo Ponte - ONL.

Les idées fourmillent dans la tête d'Alexandre Bloch

Quarante ans plus tard, il confie cette tâche au jeune chef de 31 ans, Alexandre Bloch, lauréat de Talent Adami 2012. Également chef invité principal des Düsseldorfer Symphoniker, il a déjà fait ses débuts, remarqués, au London Symphony Orchestra et au Royal Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam. Il se place dans la continuité du travail de son prédécesseur, mais en profitant davantage des actualités artistiques. Il insiste ainsi sur les divers formats de concert (bébé, prénatal, plein air, itinérance…) et sur les nouvelles technologies comme moyen de diffusion (réseaux sociaux, « live » ou vidéo, interactivité avec le public…). Sur le plan international, il va tirer avantage de sa position du chef invité à Düsseldorf pour établir plus de lien entre les deux orchestres, tout en privilégiant le répertoire et la création d'œuvres de compositeurs français. Pour découvrir de nouveaux talents et aider leur insertion professionnelle, il projette d'organiser, par exemple, une académie d'orchestre pour les élèves en fin d'études au conservatoire. Nous avons hâtes de voir ces idées fourmillantes se réaliser !

Concert de l'ouverture de la saison 2016-17

Le concert du 30 septembre était émouvant et titanesque, disions-nous. Emouvant car après avoir dirigé l'ouverture de Benvenuto Cellini de Berlioz, Jean-Claude Casadesus prend le micro, en présence du nouveau chef, pour remercier tout le monde avec un court discours : les musiciens, l'équipe, les administrations compétentes, les mécénats, les structures qui ont accueilli les concerts… et le public. Chaleureuse embrassade avec son jeune collègue, puis, celui-ci commence « son » concert. D'abord, InFall de Hèctor Parra (né en 1976). Il prend à son tour le micro pour introduire l'œuvre composée en 2011, expliquant qu'il s'agit de description musicale d'un mouvement d'astre, en l'occurrence sa chute due à la force de gravité. Une quinzaine de minutes de musique dense marquées par un grand ensemble de percussions, avant le concerto pour violon de Khatchaturian, avec Nemanja Radulovic, extrêmement dynamique. L'acoustique de la salle favorise le son massif du grand orchestre, et malgré la puissance du violoniste, au moment de tutti, le violon solo est quelque peu couvert par l'ensemble. Mais le lyrisme dont fait preuve Radulovic est incontestable, même si le public a tendance à apprécier beaucoup plus l'aspect éminemment virtuose de l'œuvre, notamment au dernier mouvement.

Alexandre Bloch et Nemanja RadulovicAlexandre Bloch et Nemanja Radulovic. Photographie © Ugo Ponte - ONL.

Le concert semble déjà complet sur le plan émotionnel et celui de sa longueur, mais nous ne sommes qu'à l'entracte. En deuxième partie, nous attend L'oiseau du feu, en version intégrale du ballet ! Si la musique est intense et la performance remarquable, on a réellement envie de voir les danseurs évoluer au rythme et au son de l'orchestre avec cette version… Musicalement, il aurait certainement été suffisant de présenter seulement la suite pour orchestre.

Il est déjà 23 heures passées lorsque tout est terminé, mais infatigable, Alexandre Bloch réapparaît sur scène, pour échanger avec son premier public, en compagnie du violoniste. Si la plupart des auditeurs ont déjà gagné le chemin de retour, ceux qui sont restés sont… restés encore quelques minutes pour un moment convivial, afin de graver davantage cette soirée inaugurale dans leur cœur.

Stapontin au Paradis
31 octobre 2016
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