La maîtrise de Caen. Photographie © D. R.
Comme l'écrit dans le programme de ce samedi Olivier Opdebeek, le directeur musical de la Maîtrise de Caen, « personne ne se souviendrait en effet de ce maître de chapelle de Lisieux s'il n'avait édité une messe auprès du grand éditeur Ballard en 1663 ».
Puis il reprend le peu qu'on sait du musicien, avec la possible date d'inhumation le 5 novembre 1693 à la Ferrière Saint-Hilaire dans l'Eure à l'âge de 56 ans (archives du département de l'Eure), ce qui permet d'en déduire l'autre date.
Mais selon une autre source citée par la Wikipédia anglaise, une indication ajoute un peu de piment sur son origine, son âge et la date de sa mort. Ainsi Jules Carlez, dans une notice sur le maître de chapelle Nicolas Le Vavasseur : Parmi ses successeurs à la maîtrise de Lisieux figure un prêtre originaire du Lieuvain : Louis-Nicolas Le Prince, lequel devint, en 1668, curé de Ferrières-Saint-Hilaire, paroisse où il mourut en 1677. Le Prince a composé et publié à Paris chez Ballard, des messes et des « airs spirituels à trois voix ». Sa musique est écrite dans un bon style et exprime avec une certaine justesse le sens du texte auquel elle est jointe. (« Notice sur Nicolas Le Vavasseur, organiste-compositeur du XVIIe siècle », Société libre de l'Eure, Bernay 1892).
Référence qu'on trouve aussi résumée dans un article du blog « Passée des arts » de Jean-Christophe Pucek, consacré à la messe de Le Prince, avec deux extraits de l'interprétation du Concert Spirituel dirigé par Hervé Niquet. Il serait intéressant de vérifier le texte original de Carlez, et d'en retrouver les sources.
Revenons donc à cette œuvre remarquable par la richesse du jeu des voix et des timbres, joliment rendue par la Maîtrise de Caen, accompagnée de huit voix adultes (dessus, bas-dessus, haute-contre, taille, basse-taille, basse) et de l'ensemble Les Meslanges (basse de viole, théorbe, serpent, orgue).
Olivier Opdebeeck explique bien le caractère à la fois conservateur pour son époque, une harmonie plus proche des modes anciens que de la tonalité, un thème grégorien revenant pendant tout l'ouvrage pour lui donner son unité... Mais aussi une polyphonie riche où les voix reprennent à leur tour le même motif ou se rassemblent pour entonner plus vivement, avec quelques moments en effectif plus restreint, pour donner encore plus de diversité à l'ensemble. Cela suppose « une maîtrise de qualité et bien entraînée » conclut-il.
Ce qui s'est parfaitement vérifié lors de ce beau concert. Juste une question : pourquoi cacher le serpent loin derrière, à cause de la symbolique malvenue durant une messe?
À venir le 19 novembre à midi à la Gloriette : A, Combiné Normand, Geographical Fugue – Rosaz, Dupré, Toch.
Sinon, la Maîtrise de Caen vient de publier avec Les Musiciens du Paradis La messe des orphelins de Mozart chez Klarthe Records (chronique à venir).
Alain Lambert
14 octobre 2016
Alain Lambert : alain@musicologie.org - Ses derniers articles :« Shakespeare Songs » : Guillaume de Chassy et Christophe Marguet avec Andy Sheppard — « Transe » par la Compagnie Massala, du hip-hop calligraphique ! — Dam'nco « From Paris With Love » du jazz-rock jubilant et joyeux — « Paris » de David Bobée (CDN de Rouen) : du théâtre en son et lumière ! — L'Orchestre de Caen avec Racha Arodaky au piano et pour un an encore Vahan Mardirossian au pupitre — Emile Parisien Quintet « Sfumato » Énergique et vaporeux — ... Plus sur Alain Lambert, tous ses articles.
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