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Musique de chambre à l'orangerie de Sceaux et le quatuor Tchalik

Le Quatuor Tchalik à l'orangerie de Sceaux le 8 septembre à l'orangerie de Sceaux. Photographie Simone Strähle.

13 septembre 2016, par Jean-Marc Warszawski ——

Alfred Lœwenguth a créé le festival de musique de chambre de l'orangerie de Sceaux en 1969. À l'époque, il y avait un concert quotidien durant l'été. Au cours des années, la voilure a été réduite aux fins de semaine de mi-août à mi-septembre, et le cadre de l'orangerie s'est affiné. Son sol en terre battue a été dallé, à la place des orangers et autres plantes frileuses, de belles sculptures, sauvées de la longue exposition aux intempéries de plein air, sont alignées au long de l'étroite galerie. Dehors, elles ont été remplacées en partie par des copies.

C'est un bel endroit, conçu pour Colbert le ministre des finances de Louis XIV, puis par son fils aîné. On y arrive un peu au jugé, depuis le RER, le fléchage est moins que minimum, comme partout en banlieue, les plaques de noms des rues sont rarement là où on en a besoin, même arrivé au château, si on ne peut rater la boutique, il faut consulter le plan. L'Orangerie, qui vient d'être rénovée, n'a plus rien de bucolique. Elle se présente comme une luxueuse galerie de château,  longue et étroite.

Ce 8 septembre 2016, à l'entrée la directrice du festival Madame Jacqueline Lœwenguth (la direction artistique est assurée par Jean-François Heisser) veille au grain, elle est un peu agacée par la profusion des invitations, « on a dépassé les quotas, il y a des quotas pour les invitations ! ».

Une estrade est placée latéralement vers le fond de la galerie. Les dégagements laissent place en devant de scène et côté cour à quelques rangs de chaises, côté galerie l'espace en est totalement occupé. Soit une centaine de places avec visibilité, et 400 places (la documentation du festival annonce 500  places disponibles) sans visibilité et certainement, vu le lieu, à l'acoustique moyenne. Je m'étonne de la disposition, les organisateurs me répondent que l'important est d'entendre. Je leur signale que la radio est faite pour cela. On n'a pas prévu de places pour la presse, personne ne peut me dire à qui sont destinés les quelques sièges réservés, les places avec visibilité finissent par être toutes occupées. Je m'apprête donc à visiter le parc de Sceaux qui semble mériter le déplacement, quand on me trouve une place au second rang côté galerie. On y voit encore, mais le dos du violoncelliste me cachera le second violon tout du long, et bien entendu, on est  assez loin su champ de projection du son.

Madame Lœwenguth ouvre le ban micro en main. Elle est satisfaite, il y a du monde (mais encore pas mal de places libres dans la galerie, on aurait pu forcer un peu plus sur les invitations), on pourra continuer, parce que l'an dernier ce n'était pas évident. Elle présente le quatuor Tchalik, qui a la particularité d'être constitué de frère et sœurs, « et quand ils jouent en quintette, ils font appel à leur sœur pianiste » (en réalité Dania Tchalik, le frère). Pas un mot sur les œuvres du programme.

Le quatuor Tchalik a interprété le second quatuor de Béla Bartók, composé pendant la Première Guerre mondiale et créé à Budapest par le quatuor Waldbauer-Kerpely, dédicataire de l'œuvre, le 3 mars 1918. Depuis une dizaine d'années,  Bartók a décidé avec Kodály de recueillir les chants folkloriques de Hongrie. Après de nombreux voyages en Europe et en Afrique avant que le conflit n'éclate, il entreprend une nouvelle tournée de relevés en 1915. Son quatuor y puise une partie de ses inspirations, sans toutefois être folklorisant. Il n'a que trois mouvements : Moderato, Allegro molto cappriccioso, Lento. Le caractère élégiaque du troisième (ou l'absence d'un quatrième allegro) est peut-être une allusion à la guerre.

Après une très courte pause,  changement de style et plongée dans un passé bien plus lointain  avec le second quatuor des opus 20 (Hob.III/32) de Haydn. Les six quatuors de 1772 ne sont pas encore les six chefs-d'œuvre de l'opus 76, composés en 1896-1897. On y raconte à quatre avec talent et variété, mais ce n'est pas encore la discussion à voix égales, à l'image des salons des Lumières. C'est toutefois pour Haydn l'occasion d'un bilan, où toute la science acquise est mise en œuvre, comme dans ce quatuor qui allie le style divertimento du premier mouvement à une quadruple fugue finale enjouée à la Vivaldi, peut-être une réponse à ceux qui prétendaient que Haydn manquant de goût était de plus incapable du grand-art (entendez le contrepoint), un adagio orchestral opposant des élans dramatiques à un cantabile aimable, comme une ouverture d'opéra.

En bis, le premier mouvement du second quatuor de Brahms, puisque la 49e édition du festival le mettait en vedette.

La fratrie Tchalik, Gabriel (violon), Louise (violon), Sarah (alto), Marc (violoncelle), est parfaitement musicienne, le son est homogène, malgré leur jeunesse et les trois ans du quatuor, il y a du métier, de la virtuosité, de la facilité, et beaucoup d'application, pas un poil ne dépasse. Pourtant, leur exécution est peu engagée, un engagement corporel qui s'arrêterait aux épaules, c'est lisse, tout élan, tout accent semblant être gommé. Le public qui a manifesté de l'enthousiasme l'a sans aucun doute entendu d'une autre oreille.

Jean-Marc Warszawski
13 septembre 2016

 

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