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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte. La musique instrumentale entre le temps de Bach et celui de Mozart.

Espagne et Portugal : Antonio Soler (1729-1783) - Sebastian Albero (1722-1756) - Joan Baptista Pla (v.1720-1773)

La musique instrumentale de Carlos de Seixas (1704-1742)

Sa vie fut tellement brève qu'on devrait en faire un contemporain de Domenico Scarlatti, qu'il connut et fréquenta à la cour de Lisbonne. Car ce musicien portugais, fils de l'organiste de la cathédrale de Coimbra, avait tout juste quatorze ans lorsqu'il fut choisi pour remplacer son père décédé à cette même tribune, et, seulement deux ans plus tard, devenait organiste de la Chapelle royale et de la cathédrale de Lisbonne, au moment même où D. Scarlatti y arrivait comme maître de chapelle. Leurs routes devaient ensuite se séparer, mais le parallèle entre les deux musiciens ne s'arrête pas là. Seixas fut lui aussi un grand professeur de clavecin ; sa production fut également consacrée essentiellement au clavier, et plutôt destinée au clavecin qu'à l'orgue ; enfin sa productivité fut au moins comparable, puisqu'on estime à quelque sept cents le nombre des sonates (ou autres oeuvres) qu'il écrivit pour le clavier. Une centaine seulement nous est parvenue, le reste étant supposé avoir disparu à la suite du tremblement de terre de Lisbonne de 1755. Ces œuvres, qui parfois s'écartent du schéma en un seul mouvement cher à Scarlatti pour lui préférer des constructions d'une certaine envergure, révèlent en Seixas un vrai génie du clavier. Certes, « la destination de ces pièces est variée, et leur valeur, peut-être pour cette raison même, fort inégale. Certaines, de par leur facilité, leur nudité, sont visiblement composées à l'usage des élèves […]. D'autres, complexes d'écriture et techniquement exigeantes, devaient permettre au compositeur interprète de briller dans les nombreux concerts royaux. Quelques-unes par ailleurs, plus graves, de style archaïsant, d'écriture polyphonique, s'adressent à l'orgue. »1  À l'écoute des plus ambitieuses de ces sonates, on se laisse emporter par le brio, le caractère tourbillonnant et l'exubérante vitalité d'une musique qui sait aussi se faire tendre et mélancolique, ce qui invite forcément à des rapprochements avec D. Scarlatti. « Cependant la personnalité de Seixas est forte, et nonobstant certaines similitudes inévitables […], l'arôme de sa musique est distinct. En schématisant, on dirait que si Scarlatti, plus audacieux d'harmonie (jusqu'à l'âpreté !), plus hardi en prouesses digitales, traduit à merveille l'ardeur, l'insouciance, l'alacrité méditerranéennes, Seixas, dans ses meilleures sonates, exprime la mélancolie particulière à ses compatriotes, leur gravité au sein même de la joie. »2

Sonate no 12 en la mineur, par Ketil Haugsand, orgue.
Sonate no 71 en la mineur par Ketil Haugsand, clavecin.
Concerto pour clavecin en la majeur par le Norwegian Baroque Orchestra  et Ketil Haugsand (clavecin et direction).

Notes

1. Sacre Guy, La Musique de pianoRobert Laffont, Paris 1998, p. 2675.

2. Ibidem, p. 2675.


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Dimanche 31 Janvier, 2021