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La Ranaissance Mondeville le 13 octobre 2016

« Transe » par la Compagnie Massala, du hip-hop calligraphique !

Compagnie Massala, Fouad Boussouf : Transe. Photographie © Olivier Hoffschir.

 

C'est en relisant la traduction du poème final du Lanceur de dés du Palestinien Mahmoud Darwich, fourni avec le programme, avec son texte original tout en arabesques, que la sensation se précise, la chorégraphie qui vient de nous éblouir est une traduction elle aussi, mais en langage des signes, quand la gestuelle dansée devient calligraphiée, avec ses arabesques à elle. À ailes aussi, quand le corps quitte le sol en tourbillon pour s'élever, puis retomber, sur fond d'électro vrombissante et percussive de Marion Castor, mêlée d'oud, de rebab, de nay et de chants soufis.

Il n'y a pas de temps pour le lendemain.

Je marche. Je trotte. Je cours. Je vois. Je ne vois pas. Je trébuche[...] Je  délire. J'hallucine[...] Et je me multiplie. Je tombe. Je m'élève et je redescends. Je saigne... Et je m'évanouis.

Les deux danseuses du groupe de sept, la brune et la blonde, disent à leur tour, en arabe et en français intercalés, ce texte sur fond de Trio Joubran (Masar), avant de le danser, puis de rejoindre les autres, chacun tournant en ralentissant sous un spot qui l'éclaire à demi. Un grand souffle soufi est passé sur la salle. Le public l'a bien compris qui applaudit à tout rompre.

Tout a commencé par les sept enlacés, vibrant comme un cœur qui bat, celui des révolutions arabes, sans doute, et de celles à venir, quand les gens se rassemblent, essaient d'être ensemble, avant que les distorsions ne viennent tout bousculer. Quand tous bougent dans le même sens, celui qui leur permettra de retrouver le mouvement circulaire qui élève, celui que le danseur soufi en longue jupe blanche a donné comme modèle.

Le hip-hop du chorégraphe Fouad Boussouf, l'un des sept, est ici (mé)tissé de danse contemporaine, quand le ralenti, tout aussi acrobatique, permet de décomposer les figures au sol et de leur donner force d'écriture, solitaire ou solidaire. Alors le groupe se reconstruit et prend des allures de fresque, un peu comme une ébauche de la Marseillaise de Rude. À peine entrevue, à peine effacée par le mouvement mouvant du temps, et les variations des corps  jusqu'au superbe final suspendu.

Après le « Paris » des Sapeurs congolais [voir notre chronique], c'est l'Afrique arabo-andalouse  sur la scène de la Renaissance ce soir, pour la suite des « regards croisés » sur cette culture riche et complexe, quand l'Occident et l'Orient se rencontrent sur fond de danse, de musique et de poésie, loin des fanatismes meurtriers.

Le 4 novembre, dernier moment avec le duo Ballaké Sissoko et Vincent Segal, une autre belle rencontre.

 

Alain Lambert
5 octobre 2016

Alain Lambert : alain@musicologie.org - Ses derniers articles : Dam'nco « From Paris With Love » du jazz-rock jubilant et joyeux« Paris » de David Bobée (CDN de Rouen) : du théâtre en son et lumière !L'Orchestre de Caen avec Racha Arodaky au piano et pour un an encore Vahan Mardirossian au pupitre. — ... Plus sur Alain Lambert, tous ses articles.


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Vendredi 17 Février, 2023 12:45