Zafaroud « En Modalie » : un duo à multiples facettes

Zafaroud, En Modalie, Yacir Rami (oud), Antoine Morineau (percussions) et invités. Zafaroud, autoproduction 2016.

6 janvier 2015, par Alain Lambert ——

Nous avions informé il y a un an sur Musicologie.org du projet participatif pour l'enregistrement du cédé de Zafaroud. Le voilà donc qui sort fin février.

Et le résultat est épatant, autour du duo constitué de Yacir Rami à l'oud, qui a joué avec Naissam Jalal au sein du Khatawat Quartet, et d'Antoine Morineau aux percussions orientales. Toutes les compostions sont de l'oudiste, sauf un traditionnel indien, et le morceau-titre, du percussionniste.

Le duo ouvre l'album avec Belhif, où se révèlent les qualités de chacun, tous deux vivant à Paris au milieu d'une diversité de cultures musicales (marocaine, africaine, jazz, classique...) qui colorent leur jeu et leur musique.

Avec En Modalie, le jeune quatuor Tercea enveloppe avec délicatesse les volutes de l'oud, pendant que le daf bat gravement au cœur de l'ensemble. Turbulences, avec les mêmes musiciens, fait onduler les cordes comme un paysage dunaire pris dans un vent de sable.

Le sextuor devient trio dans Yeps, avec la contrebasse cubaine de Damien Nueva, et c'est une autre forme de swing qui entraîne le duo dans une longue improvisation. Puis la kora de Cherif Soumano prend la relève dans Casa, bientôt rejointe par l'oud et la percussion en terre cuite, dans une danse ensorcelée et virtuose.

Les archets du quatuor Tercea (Florian Maviel et Anne Camillo violons, Céline Tison alto, Pablo Tognan violoncelle) nous ramènent sur le continent européen, à la grande époque de la culture arabo-andalouse, avec Alhambra, dont le thème finit par muer en tango, dans un arrangement fougueux du violoncelliste.

Avec Sarab et Trivat Todi, le duo clôt le disque de façon plus intimiste et méditative, le dernier thème étant emprunté à la tradition indienne.

Un cédé chatoyant et un duo à géométrie variable à écouter et suivre sur leur page fb, pour connaître aussi leur actualité.

Alain Lambert
6 janvier 2015