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—— Jean-Marc Warszawski.

Trois grands motets de Michel Richard Delalande

Michel Richard de Lalande, Grands motets, Chantal Santon-Jeffery, Reinoud van Mechelen, François Joron, Lisandro Abadie, Les pages et les chantres du Centre de musique baroque de Versailles, Collegium Marianum, sous la direction de Olivier Schneebeli. Glossa 2017 (GCD, 924301).

Enregistré à la chapelle royale du Château de Versailles les 5 et 7 juillet 2017.

Créés en 1987, dirigés depuis 1991 par Olivier Schneebeli, Les pages & les chantres du Centre de musique baroque de Versailles sont une maîtrise. Non pas du type de celles du xviie siècle, où quatre à dix enfants, selon la richesse des églises, étaient formés au cérémonial de l’office, et de ce fait y apprenaient à compter, lire, écrire, le latin, le chant, parfois les instruments de musique ou la composition. Les enfants de chœur étaient les techniciens de l’office et assuraient de nombreux services y compris à l’extérieur de l’église, pour les morts, les multiples bénédictions, les inhumations, les processions. Nourris et logés, ils étaient rémunérés pour leurs services, et en touchaient le pécule lorsque la mue les privait de leur voix d’ange. Parfois on y ajoutait une bourse ou un placement pour leur assurer une formation : tous ne devenaient pas musiciens ou prêtres.

Les pages & les chantres du Centre de musique baroque de Versailles est une maîtrise moderne, mais garde la vocation pour former les enfants au chant, aussi les adultes, comme bien d’autres maîtrises. Il y a donc à la base un chœur d’enfants et un chœur d’adultes que l’on veut faire ressembler au chœur de la chapelle royale de l’Ancien-Régime et tenir en haut niveau musical.

La maîtrise s’est associée au Collegium Marianum de Prague, dirigé par la flûtiste Jana Semerádová. Un ensemble de musique ancienne d’une vingtaine d’instrumentistes de haut niveau qui se produit assez peu en dehors de son pays et qui a édité depuis 2001 une quinzaine de cédés.

L’équipe est renforcée par la soprano Chantal-Santon-Jeffery qui se produit cette saison dans divers opéras de Purcell, Grétry, Destouches, Montéclair, Pergolesi, Lully ; Reinoud van Mechelen, un ténor formé au Conservatoire de Bruxelles, acclamé par la presse belge, voyageant de Moscou à Versailles, de Bruxelles à Londres après avoir fait ses armes sous la direction d'Hervé Niquet et de Paul Agnew ; le baryton Fançois Joron vient du Nord, passe par la Manécanterie des Petits chanteurs à la Croix de bois, parfait sa formation au Centre de musique baroque de Versailles, se perfectionne au Conservatoire de Paris, se produit dans plusieurs ensembles réputés : Concert Spirituel, Chapelle Rhénane, Parlement de Musique ; Lisandro Abadi est baryton-basse, de Buenos Aires il a gagné la Schola Cantorum Basiliensis (Bâle), puis la Musikhochschule de Lucerne. Il se produit dans des opéras de Purcell, Marais, Pergolèse, Händel, mais aussi de Nino Rota.

Ce beau monde s’est réuni pour enregistrer trois grands motets de Michel Richard de Lalande, un notable représentant du classicisme versaillais.

Quinzième (!) enfant d’un maître tailleur, il est placé à la maîtrise de Saint-Germain l’Auxerrois de Paris, à deux pas du Pont-Neuf ou à quelques brassées de Seine du Vert-Galant. Il y est formé au chant, à l’orgue, au clavecin, au violon. À sa sortie, il obtient plusieurs postes d’organiste, dont le célèbre intérim à Saint-Gervais entre Charles (trépassé) et François Couperin (trop jeune), de 1671 à 1686, car cet orgue est réservé aux Couperin qui s’y succèderont jusqu’au xixe siècle. Introduit à la cour comme professeur de clavecin des princesses, il en profite pour y passer de ses compositions d edivertissement qui n’ont pas grand succès. Mais ses compositions liturgiques lui feront gravir tous les échelons jusqu’à celui de surintendant de la musique de la chambre et de compositeur.

On connaît l’enregistrement quasi mythique (1965 ?) des Sonneries pour les soupers du roi par l’orchestre de Jean-François Paillard avec le trompettiste Maurice André, beaucoup moins la formidable œuvre spirituelle.

Il y a sans aucun doute une aire d’influence entre les grands motets de Michel Richard de Lalande (né en 1657), les cantates Johann Sebastian Bach (né en 1685) et les œuvres chorales de Händel (né en 1685), trois grands organistes.

C’est grandiose, tout l’est dans ce cédé, de l’interprétation aux choix de prise de son.

Jean-Marc Warszawski
17 janvier 2019

 

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