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20 novembre 2021 —— Alain Lambert.

Six cédés du monde pour attendre l'hiver

Octantrion, opus II et sa musique boréale, Saràb, Arwàh Hurra, et sa musique orientale, Rodolphe Lauretta, Kreolia, et sa musique tropicale, Vincente et Marianna et son Brésil musical, plus deux albums de jazz de chambre, A Wind Invisible du trio Rembrandt et Métamorphoses d’Olivier Calmel.

Octantrion II (Quart de lune 2021), plus au nord encore que le septentrion, est le projet d’un duo atypique, le pluri-guitariste normand Gaëdic Chambrier et la multi-violoniste suédoise d’adoption Eléonore Billy, l’un jouant de toutes les guitares, cistres et mandoles, plus claviers et percussions et l’autre de tous les nyckelharpas et aussi du violon norvégien hardingfele. Deux tiers de compositions pour un tiers de thèmes traditionnels suédois ou islandais, les deux musiciens se promènent avec une belle virtuosité dans les paysages imaginaires des contrées boréales, dans le sillage des deux corbeaux d’Odin, Hugin et Munin, l’un grattant et l’autre frottant leurs multiples cordes instrumentales et quelquefois vocales (The Dead King ou Strömkarlen Spelar). Un bel album nordique, avec quelques invités dont Cécile Corbel à la harpe celtique.

 

Arwàh Hurra (Matrisse Prduction 2021) second opus du groupe franco-syrien Saràb composé de Climène Zarkan au chant âpre et profond, Baptiste Ferrandis à la guitare rock, Vincent Koury au trombone jazz et voix, Thibault Gomez aux claviers et voix, Timothée Robert à la basse, Paul Berne à la batterie, plus quelques invités dont l’écrivain Alain Damasio au texte, étrange, dit sur fond de musique. Du métal jazz oriental qui bouscule les frontières musicales et géographiques pour donner espoir aux « âmes libres », selon le titre de l’album et du dernier morceau. Le premier est une adaptation d’un texte sur la liberté du poète palestinien Mahmud Darwich.

 

Kreolia (Cristal Records 2021) du saxophoniste et compositeur martiniquais Rodolphe Lauretta accompagné d’Olivier Laisney à la trompette, Timothée Bakoglu aux synthés, Emmanuel Camy à la basse et au moog, Laurent Emmanuel Bertholo à la batterie et des invités sur quatre titres chantés ou rapés : Geneviève Artadi, Ruppert Pupkin, Dwight Trible et Med aka Medaphoar. Du jazz métissé que le morceau titre et entête revendique rageusement, dans un album musicalement à la croisée d’autres musiques et d’autres rythmes entre funk et hip-hop et expérimental, et plus pop pour les chansons. Un autre horizon du jazz alternatif et créatif.

 

Vicente e Marianna (Les musiterriens 2021) de Vincent Muller et Marianne Feder réinvente la musique brésilienne en français comme le fit Moustaki autrefois, sur leurs propres musiques et leurs propres textes, qu’ils ajoutent aussi à des instrumentaux d’Egberto Gismonti, Baden Powell ou Stefano Bollani. La guitare ou le cavaquinho du chanteur se mêle à de multiples percussions, et sa voix à celle de sa complice, en coro ou en dialogue, tout en douceur nonchalante. Ils terminent ce chouette album sur la reprise en portugais de Canto de lemanja de Baden powell et Vinicius de Morales, comme un hommage.

Ils seront au Pan Piper à Paris le 4 décembre pour le concert de sortie.

 

A Wind Invisble (Just Listen Records) du trio Rembrandt nous vient lui d’Amsterdam. Nous avons chroniqué son précédent opus avec en invité Hossein Alizadeh. Du jazz plus classique ici enregistré en début d’année, et en deux jours, dans une ancienne église pleine de nombreux orgues anciens, que le pianiste Rembrandt Frerichs, dont les père et grand-père étaient organistes, a inclus en rerecording dans certains morceaux dédiés à Bach et parfois au blues (The Moon Shines). Il est accompagné par Tony Overwater à la contrebasse ou au violone à six cordes du XVIe et Vinsent Planjer à la batterie. Un album au jazz de chambre amplement mélodique entre baroque et blues.

 

Métamorphoses (Klarthe Records 2021 en sortie digitale. Sortie physique le 25 mars 2022) se réclame aussi du jazz de chambre, avec sa formation originale Double Celli, déjà chroniquée ici, menée par le pianiste et compositeur Olivier Calmel. Johan Renard est au violon, Frédéric Eymard à l’alto, Xavier Phillips et Clément Petit au violoncelle, Antoine Banville à la batterie. Le propre de l’improvisation, c’est la transformation spontanée appliquée dans cet album à des formes musicales et instrumentales classiques très imprégnées d’écriture, avec des références aux grands compositeurs du XXe siècle, Prokoviev, Stravinsky, Bartók, Ligeti. Piazzola un peu aussi. Et le pari est réussi.

Alain Lambert
20 novembre 2021
© musicologie.org


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Samedi 20 Novembre, 2021 12:39