21 septembre 2022 —— Michaël Sebaoun.

Graciane Finzi : Et si tout recommençait…

Graciane Finzi, Et si tout recommençait… Ensemble Calliopée, Karine Lethiec (direction artistique, alto), Christophe Giovaninetti, Camille Fonteneau (violons). Florent Audibert, Diana Ligeti (violoncelle). Carjez Gerretsen, Julien Hervé (clarinettes). Anne-Cécile Cuniot (flûte). Maria Perrotta, Xénia Maliarévitch (piano). ARION 2021 (ARN 68846).

Née à Casablanca en 1945, Graciane Finzi est une compositrice très sollicitée, riche d’un catalogue de plus d’une centaine d’œuvres. On peut écouter sur internet la passion de Graciane Finzi pour l’orchestre, à travers La Tombée du Jour, Trois Lieder pour baryton basse et orchestre, à l’âme d’un post-romantisme crépusculaire, exalté par José Van Damme et l’Orchestre de Chambre de Paris dirigé par John Nelson. Ou encore, dans la même mouvance, Errance dans la Nuit, Ballade pour violoncelle et orchestre, vaste et envoûtante méditation, portée par le violoncelle de Gary Hoﬀman et l’Orchestre Philharmonique de Radio-France dirigé par Pascal Rophé.

Le disque Et si tout recommençait… est consacré à la musique de chambre de la compositrice, couvrant trente ans de création. Il s’ouvre sur 9’30, pour clarinette basse et violoncelle, commande du CNSMDP pour le concours de sortie de la classe de clarinette basse. On suit un lyrisme erratique mâtiné de pizz Bartok, de slaps de clarinette ou de jeux sul ponticello.

Sélectionnée pour le grand Prix lycéen des compositeurs 2022, la Fantaisie Toccata pour piano à 4 mains est un dense chef-d’œuvre mêlant ostinatos, harmonies progressivement géantes, clusters évoluant chromatiquement, vertiges et traits fusées. En son sein nait une partie lente sous tension, avant le retour de « L’escalier du Diable », que la compositrice clôt par des rythmes Gnaouas d’origine subsaharienne et importés au Maroc, intensément vécus par la musicienne.

Pour flûte et trio à cordes, Océan Mer rassemble comme son titre l’indique des poèmes sur le thème de la mer, lus par les interprètes eux-mêmes. Six pièces brèves pour un délicat poème de brume et de nostalgie.

Mémoire oubliée, pour clarinette, quatuor à cordes et piano a, lors de sa création, été associée à un spectacle de L’Ensemble Calliopée, Isadora Duncan-Quand la musique fait danse, dansé par Elisabeth Schwartz. L’œuvre, explique la compositrice, « peut et doit être interprétée en version de concert, portant en elle toute la flamme, l’énergie et les vibrations de la danse ».

Les Moments interrompus, pour violon et alto, tracent un parcours brisé, aux harmonies consonantes tantôt rapides et répétitives, tantôt lentes et expressives, ponctué en sa fin d’auto- citations.

Conçues au moment de l’accident nucléaire de Fukushima, ces cinq miniatures se veulent un message d’espoir.

Et si tout recommençait…pour violon et piano, se divise en une introduction et un thème et variations, note la compositrice. Le premier, d’humeur instable, pose des harmonies profondes et compactes, comme héritières du Dutilleux des Préludes pour piano. Le second s’enrichit de parfums néo-classiques et de tournures mélodiques très finziennes.

Furie, ce pourrait être le titre de la dernière pièce, Free Quartet pour violon, alto, violoncelle et piano, qui joue sur une autonomie radicale des instruments.

Dans ce panorama créatif aux souﬄes multiformes, L’Ensemble Calliopée, sa directrice artistique Karine Lethiec et Graciane Finzi s’accordent merveilleusement. Et que tout continue…

Michaël Sebaoun
21 septembre 2022.
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bouquetin

Mercredi 21 Septembre, 2022 0:11