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Paris, Automobile Club de France, 20 novembre 2023 — Frédéric Norac

Concert de Gala des lauréates du Concours Enesco / Enescu, Paris-Bucarest

Les lauréates des derniers Concours Enesco. Photographie © D. R.

Le concours international de chant « Georges Enesco » fêtera en 2024 son dixième anniversaire. Il n’est en fait qu’une section d’un concours créé en 1958 qui en comprend trois : piano, violon et chant. Cette dernière a été relancée par les « Rencontres musicales Enesco de Paris » après une douzaine d’années d’absence. L’édition 2023 s’est tenue en octobre et ce gala réunissait plusieurs lauréates des trois dernières éditions.

La Roumaine Gloria Tronel a reçu le Grand Prix cette année. Son registre est plutôt celui du soprano colorature. Sa première mélodie, « Si j’étais Dieu » (de Georges Enesco), laisse entendre un français très approximatif et des aigus quelque peu « miaulant ». Si les choses s’arrangent un peu dans « Le Galop », du même compositeur, il faut avouer que le choix de l’air « Acestea melodie » extrait de l’opérette Lasati-ma sa cant'  de Gherase Dendrino, assez sirupeux et languissant parait d’un intérêt très limité. Ce n’est que dans l’air de Titania de Mignon d’Ambroise Thomas qu’elle peut donner une démonstration assez convaincante de ses capacités de vocaliste.

La Française Amélie Tatti (Grand Prix Musique contemporaine 2022), soprano lyrique léger, ne manque pas de tempérament et sa Thérèse des Mamelles de Tirésias est tout à fait réjouissante. Elle s’offre le luxe d’interpréter avec beaucoup d’humour et d’expressivité « Comment, une valse ? » une mélodie en roumain du compositeur Henri Nafilyan alors que vraisemblablement elle ne parle pas la langue.

À Amaïs Merlin (Prix spécial Henri Nafilyan 2023) revient la gageure d’interpréter une mélodie d’Enesco en allemand, Reue, sur un poème de Carmen Sylva (pseudonyme de la Reine Elisabeth de Roumanie), suivie d’une longue pièce contemporaine de Henri Hafilyan, Guyane, sur un poème de Elodie Kimmel où elle déploie son talent de diseuse et finit sur le grand air du miroir de Thais où elle peut déployer toutes ses qualités de grand lyrique. Si le suraigu parait encore un peu acide, son articulation est évidemment exemplaire de même que sa musicalité.

La pianiste Adela Liculescu, grand prix du concours de piano 2021 participait également à la soirée. Elle interprète deux extraits de le Suite n°1 dans le style ancien d’Enesco, prélude et final, sur lesquels plane l’ombre de Bach, une Barcarolle en Mi bémol majeur très romantique de Mel Bonis et surtout l’époustouflante transcription pour piano de Petrouchka de Stravinsky où elle donne la mesure d’une énergie parfaitement contrôlée et d’une virtuosité sans faille, dans la rapidité comme dans la subtilité des nuances dynamiques.

Enfin, la mezzo canadienne, Rose Naggar-Tremblay premier prix du concours de 2021, faisait une apparition surprise, interprétant de sa voix chaude et profonde de contralto trois mélodies d’un cycle d’Eric Champagne, Healing, dont elle est également l’auteur des textes. Elle enrichissait ainsi le versant contemporain d’un concours qui comporte également un prix de composition. Décerné cette année à Sebatian Adrone, pour sa pièce « Vis vireg » (le Demi rêve de la Chimère) dont il est également l’auteur du texte.

Pour faire bonne mesure, les trois sopranos terminaient cette soirée éclectique dans une transcription d’une mélodie de Fauré à trois voix.

plume_07 Frédéric Norac
20 novembre 2023
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Vendredi 24 Novembre, 2023 16:59