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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 5 juin 2023 — Frédéric Norac

Le lundi musical de Julie Boulianne et Malcolm Martineau

Malcolm Martineau et Julie Boulianne. Photographie © musicologie.org.

Julie Boulianne fait partie de ces grandes voix généreuses et naturelles que produit la Belle Province. Son mezzo souple, richement timbré, bénéficie d'une belle extension aux deux extrêmes de la tessiture et elle a abordé des répertoires très variés du baroque à la musique contemporaine en passant par Mozart et le belcanto romantique.

Pour ce récital en soliste, elle a construit son programme autour de deux grands cycles, évitant ainsi l'impression de dispersion que laisse parfois ce genre de concert. L'amour, bien sûr, en est le thème central. L'amour heureux d'abord, avec trois Lieder de jeunesse de Richard Strauss, les Liebeslieder, d'une grande fraicheur d'inspiration. Suivent les assez rares, Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler, plutôt destinés à une voix d'homme, mais qu'elle interprète avec toute la puissance et la sobriété voulues et dans lesquels elle sait progressivement emmener l'auditeur de la relative légèreté des deux premières mélodies vers la dimension tragique de cet amour trahi qui s'exprime dans la véhémence de « Ich hab' ein glühend' Messer » jusqu'au deuil pacifié de « Die zwei blauen Augen ». Les deux Mélodies hébraïques de Ravel, un extraordinairement intense Kaddish et une très subtile « Énigme éternelle », nous introduisent à la deuxième partie française du récital et à sa pièce de résistance, Les nuits d'été de Berlioz. Comme les Mahler, accompagnées au seul piano, elles sont d'une terrible exigence pour l'interprète qui doit lui-même, faute des couleurs de l'orchestre, en inventer les climats variés. Le résultat est proprement magnifique, grâce au soutien du piano remarquable de Malcolm Martineau.

Pour conclure, la chanteuse offre quatre mélodies de Guillaume Apollinaire de Poulenc où peut-être un peu de fatigue rend l'articulation difficilement compréhensible, ce qui est dommage dans un répertoire où le texte est si important. En bis, elle convoque Falla (semble-t-il) et Kurt Weill avec le célèbre tango parisien Youkali. Le premier n'est pas garanti, car la chanteuse reconduit la désagréable habitude, hélas si courante, de ne pas annoncer ses bis comme si tout le monde devait les connaître et les reconnaître. Un péché véniel, au regard de la richesse de ce très beau récital.

plume_07 Frédéric Norac
5 juin 2023
norac@musicologie.org

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Mardi 6 Juin, 2023 23:21